L’Empire (russe) contre-attaque

L’éviction de Kourmanbek Bakiev, le très pro-occidental président kirghize ? Une bonne nouvelle pour Moscou. Mais pas forcément une mauvaise pour Washington.

Manifestation antigouvernementale à Jalalabad, dans le sud du pays, le 12 avril. © MAXIM SHIPENKOV/EPA

Manifestation antigouvernementale à Jalalabad, dans le sud du pays, le 12 avril. © MAXIM SHIPENKOV/EPA

Publié le 21 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

On sait qu’au début des années 2000, profitant de sa faiblesse relative, les États-Unis avaient suscité à sa périphérie une série de révolutions – « orange » en Ukraine, « des roses » en Géorgie, « des tulipes » au Kirghizstan – visant à placer aux commandes des leaders qui leur soient favorables. Pour la diplomatie russe, rompre cette tentative d’encerclement était une véritable obsession. Utilisant tour à tour la carotte puis le bâton, et jouant à fond la carte de la dépendance énergétique contre les ex-Républiques soviétiques, les services de renseignements, qui ont la haute main sur « l’étranger proche », ont donc organisé la contre-attaque. Les résultats ne se sont pas fait attendre : dépeçage de la Géorgie, défaite électorale des leaders de la révolution orange en Ukraine et, désormais, coup d’État en Kirghizie (84 morts).

Restent un certain nombre d’inconnues. Adoubé à la va-vite par Moscou, le gouvernement provisoire dirigé par Rosa Otounbaïeva n’a d’autre légitimité que celle de la rue. Il est par ailleurs composé de personnalités venant d’horizons politiques très divers, sinon opposés, qui ne sont liées que par leur commune opposition au régime Bakiev.

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Seul pays du monde à avoir sur son territoire une base russe et une base américaine, le Kirghizstan est une région stratégique, lieu de passage des oléoducs reliant les gisements d’Asie centrale aux terminaux pétroliers du Pakistan. Le « centre de transit » de Manas, près de Bichkek, la capitale, est très utile aux Américains (qui y maintiennent un millier d’hommes) pour acheminer des troupes en Afghanistan. En sens inverse, la drogue produite dans ce dernier pays transite souvent par son territoire. Enfin, le Kirghizstan est devenu un sanctuaire pour les mouvements islamistes radicaux pourchassés par l’Ouzbékistan voisin.

Les nouveaux responsables kirghizes s’apprêtent-ils à mettre en œuvre une politique plus conforme aux intérêts de Moscou ? Renonceront-ils notamment à louer aux Américains la base de Manas ? Même si leurs relations avec l’administration Obama se sont, depuis peu, beaucoup réchauffées, les Russes n’y verraient aucun inconvénient, mais n’ont aucune garantie à ce sujet.

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