Boganda, Habyarimana et les autres

Publié le 19 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

C’est la première fois que l’élite politico-militaire d’un pays se trouve ainsi décapitée. Mais, dans un passé plus ou moins récent, nombre de responsables politiques de premier plan ont été victimes d’un crash aérien, parfois d’origine criminelle.

En 1980, le Premier ministre portugais Francisco Sá Carneiro, son épouse et son ministre de la Défense trouvent ainsi la mort en plein ciel. L’enquête conclut à un attentat. Dans les années suivantes, le président équatorien Jaime Roldos Aguilera et le dictateur panaméen Omar Torrijos (1981), les présidents pakistanais, Muhammad Zia ul-Haq (1988), et macédonien, Boris Trajkovski (2004), connaîtront le même sort.

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L’Afrique n’est pas épargnée. Dès 1959, le Centrafricain Barthélemy Boganda explose en vol, quatre mois après son accession à la présidence. Deux ans plus tard, l’avion à bord duquel a pris place le Suédois Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l’ONU, s’écrase mystérieusement dans la forêt rhodésienne. En 1979, Ahmed Ould Bousseif, le Premier ministre mauritanien, et ses principaux collaborateurs disparaissaient au large des côtes sénégalaises. En octobre 1986, en Afrique du Sud, c’est au tour de Samora Machel, le premier président du Mozambique (vingt-quatre personnes à bord). Enfin, le 6 avril 1994, l’appareil transportant Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira, les présidents rwandais et burundais, est abattu en plein vol, prélude à un atroce génocide.

Parfois, un miracle a lieu. En 1974, le Togolais Gnassingbé Eyadéma sort indemne d’un accident et y gagne la conviction d’être protégé par un « bouclier mystique ». En 1992, Yasser Arafat se tire avec quelques contusions du crash de son Antonov dans le désert libyen. Enfin, en juin 2009, l’avion du Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz atterrit en catastrophe, à la suite d’un problème technique. Un mois plus tard, le général sera élu à la présidence de la République.

Dans de nombreux pays, une règle tacite impose au chef de l’État et à son successeur potentiel de ne pas voyager dans le même avion. En France, par exemple, on ne verra jamais Nicolas Sarkozy, François Fillon et même Gérard Larcher, le président du Sénat (qui assure l’intérim en cas de vacance du pouvoir), prendre place à bord du même appareil. Idem aux États-Unis, où le président et le vice-président ont chacun leur propre appareil (Air Force One et Air Force Two). En Afrique, la règle est souvent moins stricte, surtout pour des raisons financières. « Il arrive que les dirigeants soient amenés à se déplacer en même temps, mais on veille à ce que tous ne soient pas dans le même avion », explique Cosme Arouna, ministre conseiller à l’ambassade du Bénin à Paris.

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