Lamia Ben Mahmoud, une femme qui assure
PDG de Tunis Ré depuis août 2009, elle a aujourd’hui pour mission de piloter l’ouverture du capital et l’introduction en Bourse du seul réassureur du pays.
Elle est la première Tunisienne à se hisser à la tête d’une compagnie d’assurances, un secteur qui passe pour être la chasse gardée de la gent masculine. Nommée, en août 2009, PDG de Tunis Ré, Lamia Ben Mahmoud est aujourd’hui sous les feux des projecteurs : elle pilote l’ouverture au public du capital du seul réassureur du pays, à hauteur de 22,22 %, ainsi que son introduction sur le marché principal. Dans son bureau, dans le quartier d’affaires Montplaisir, à Tunis, Lamia Ben Mahmoud balaie d’un revers de main l’existence d’une prétendue misogynie. « Croyez-moi, assure-t-elle, en dix-neuf ans de carrière, je n’ai à aucun moment senti que j’étais discriminée. »
Rien ne prédisposait la lycéenne née en 1966 à Kasserine, chef-lieu du Centre-Ouest, une région dite « défavorisée », à devenir l’une des têtes pensantes des assurances. Jeune, elle rêvait de faire des études de sciences humaines (psychologie et sociologie). Lorsqu’elle décroche son bac, son père, commerçant de son état, réussit à la convaincre de suivre la filière économique. Elle s’inscrit à la faculté de sciences économiques et de gestion de Sfax, une ville connue pour être un vivier d’entrepreneurs. Sa maîtrise en poche, elle ne songe pas encore aux assurances. « C’est arrivé par hasard. Il y avait trois concours d’entrée pour des études post-maîtrise, et il s’est trouvé que c’était à l’École nationale d’administration (ENA), à l’Institut supérieur du travail (IST) et à l’Institut de financement du développement (Ifid). J’ai réussi aux trois, et choisi ce dernier. »
L’Ifid a été créé en 1981 par les États tunisien et algérien pour dispenser une formation sanctionnée par un diplôme dans les domaines liés au financement du développement, et plus particulièrement de la banque et de l’assurance. Ben Mahmoud obtient le parrainage de ses études par le ministère des Finances, qui, après l’avoir orientée vers la spécialité assurances, la recrute en 1992, une fois son diplôme obtenu. Elle gravit rapidement tous les échelons (chef de service, sous-directrice, directrice) de la direction générale des assurances dans toutes ses composantes : études, législation et contrôle. Entre 2005 à 2009, elle est chef de l’unité des études, de la législation et du développement (avec rang de directrice générale d’administration centrale) au Comité général des assurances, la nouvelle structure autonome qui supervise désormais le secteur.
Mise à niveau
« Bien que ce ne fût pas mon choix de jeunesse, explique-t-elle, j’ai été fascinée par les assurances. Il faut dire que j’ai eu la chance d’y être entrée au bon moment et d’avoir été bien encadrée. » Depuis le début des années 1990, en effet, les réformes se succèdent dans le cadre de la modernisation et de la libéralisation du secteur, et Ben Mahmoud faisait partie de l’équipe qui en était chargée et siégeait au conseil d’administration des plus grands opérateurs. Un profil qui a fait d’elle la candidate idoine pour prendre la tête de Tunis Ré, dont les principaux actionnaires sont des banques et des compagnies d’assurances, publiques et privées. Sa mission : contribuer à faire de Tunis une place financière internationale à la faveur de l’ouverture des services.
Dans ce cadre, l’objectif de Ben Mahmoud est la mise à niveau de Tunis Ré pour se rapprocher des standards internationaux, passer à un rating supérieur, améliorer sa part de marché, qui est actuellement de 21 % dans un environnement fortement concurrentiel, et élargir sa présence à l’international. Déjà, la compagnie réalise 30 % de son chiffre d’affaires, qui est de 60 millions de dinars (31,2 millions d’euros), à l’étranger, dont 5 % en provenance d’Afrique subsaharienne, où elle compte ouvrir sa première représentation dans un avenir proche.
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