Comment Houngbédji s’est imposé

L’Union fait la nation (Un) a désigné l’ex-candidat de 2006 pour affronter le président sortant lors du scrutin de 2011. Une menace sérieuse pour Boni Yayi.

Adrien Houngbédji, candidat unique de l’opposition pour la présidentielle de 2011. © DR

Adrien Houngbédji, candidat unique de l’opposition pour la présidentielle de 2011. © DR

Publié le 27 avril 2010 Lecture : 3 minutes.

La montagne a accouché d’un candidat. L’opposition politique béninoise, rassemblée au sein de l’Union fait la nation (Un), a choisi Adrien Houngbédji pour l’élection présidentielle de 2011. Mais ce qui ne devait être qu’une formalité s’est transformé en marathon, dans la nuit du 9 au 10 avril. Les choses avaient été calées en coulisses par les états-majors pour que cette candidature soit le plus consensuelle possible. L’expérience, le poids politique et le sens tactique du président du Parti du renouveau démocratique (PRD) avaient, à première vue, fait la différence et définitivement distancé son rival le plus sérieux, Léhady Soglo, de la Renaissance du Bénin (RB).

« Adrien Houngbédji a obtenu 25 % des voix en 2006 et dispose d’un électorat stable. Léhady Soglo n’a récolté que 8 % des suffrages et son électorat est plus éclaté. Qui plus est, le premier a 67 ans. Conformément à la Constitution, c’était donc sa dernière chance d’accéder à la magistrature suprême », explique un cadre du Parti social démocrate (PSD) de Bruno Amoussou, également membre de l’Un. Du côté du PRD, on affichait d’ailleurs une totale « sérénité » quelques heures avant la conférence des présidents. Le « candidat naturel » avait rendez-vous avec son destin. Certes, mais il aura fallu dix heures de conclave avant que la fumée blanche n’apparaisse.

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« J’ai mené un véritable combat mais à trop tirer sur la corde, elle risquait de rompre. J’ai donc cédé mais en ayant obtenu des garanties », affirme Léhady Soglo. Organisation de la campagne électorale, partage et gestion du pouvoir en cas de victoire… Mais aussi et surtout la promesse d’être sélectionné en 2016. Le fils de l’ancien chef de l’État, Nicéphore Soglo, n’est pas reparti les mains vides. « Rosine Soglo [la mère de Léhady et présidente de la RB, NDLR] a mis le feu. Elle était prête à quitter la table si la RB n’obtenait pas ce principe de rotation », raconte un témoin. Mieux, alors que cet accord devait rester confidentiel, elle a lancé lors de la conférence de presse : « En 2016, ce sera le tour de Léhady Soglo. » Plus consensuel, et plus à propos, Nicéphore Soglo a souligné l’étendue du chemin parcouru depuis la création de l’Un, le 12 mars 2008 : « Ce que nous avons entrepris depuis deux années dépasse chacune de nos personnes. »

Pari audacieux et efficace

« Nous tournons le dos aux démarches solitaires, et nos militants respectifs ont conscience que nous ne pouvons gagner en étant divisés », assure Adrien Houngbédji, dont la difficulté consiste à séduire au-delà de son camp. « C’est à nous de le soutenir et de lui apporter nos voix », expliquent en substance les dirigeants des autres formations. Le pari est audacieux mais peut s’avérer sacrément efficace.

« On sait désormais à qui s’adresser pour les débats contradictoires », a commenté le porte-parole du gouvernement, Victor Topanou.

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L’autre candidat potentiel, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Abdoulaye Bio-Tchané, a, quant à lui, formulé « le vœu d’une union plus large encore ». Pour préciser ses intentions ? Sans doute. Mais aussi pour conjurer les risques d’une dérive régionaliste entre le président sortant, Boni Yayi, originaire du Nord, et l’Un, implantée dans le Sud.

Il n’empêche, vingt ans après la Conférence nationale, le Bénin montre une nouvelle fois l’exemple en matière de maturité démocratique. Un candidat unique dépassant les antagonismes du passé, c’est une première sur le continent. Les oppositions africaines seraient bien inspirées d’en tirer quelques leçons. Quant à Boni Yayi, il a toutes les raisons de s’inquiéter. Si on ajoute les résultats obtenus en 2006 par les membres de l’Un, leur score cumulé dépasse les 55 %.

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