Touche pas à mon pays
Jacob Zuma peut-il rebondir ?
Dès l’arrivée à l’aéroport de Johannesburg, impossible d’échapper à la fièvre du football. Drapeaux, comptes à rebours, sponsors officiels, chaque pan de mur est aux couleurs du pays et de cet événement sportif. En ville, même enthousiasme. De plus en plus d’automobilistes arborent de petits drapeaux ou recouvrent leurs rétroviseurs de tissus aux couleurs nationales. Dans les rues, aux fenêtres des immeubles du centre-ville, à la radio et à la télévision, l’ambiance est au proudly South African, la fierté sud-africaine.
Au carrefour, dans les supermarchés, les centres d’artisanat, on trouve la mascotte, les tee-shirts et les fameuses vuvuzelas, ces cornes de brume locales en plastique coloré dont le son rappelle un essaim d’abeilles affolées. Il en existe à tous les prix, d’une quarantaine de rands pour les plus classiques à plus de 300 rands pour les versions « customisées », comme celles, version zouloue, entièrement recouvertes de perles de couleur.
Même si le son de cet instrument est particulièrement irritant – le slogan publicitaire est clair : « Vous les détesterez tant que vous n’en aurez pas une vous-mêmes ! » –, il a fini par devenir un emblème national dont tout le monde est fier, ou du moins prétend l’être.
L’impact de cet élan national a profité au président Jacob Zuma, notamment quand, le mois dernier, il s’est rendu en visite officielle en Grande-Bretagne. Alors qu’un tabloïd britannique s’en prenait au chef de l’État en le traitant d’« obsédé sexuel » et de « vil bouffon », la presse nationale, pourtant si prompte à le lyncher dans ses propres colonnes, s’est unanimement insurgée contre le traitement médiatique imposé à son président.
Depuis quelque temps, le chef de l’État s’est d’ailleurs engagé personnellement et apparaît régulièrement affublé d’une écharpe ou d’un tee-shirt aux couleurs du pays ou de l’équipe nationale. C’est même une demande présidentielle : que chaque citoyen, au moins une fois par semaine, porte un accessoire ayant trait à l’événement.
Leur équipe, les Bafana Bafana, n’a aucune chance de l’emporter ; les tensions sociales et raciales sont plus fortes que jamais. Pourtant, à entendre les Sud-Africains, tout va bien. Ils sont remarquablement unis quand il s’agit de défendre l’intérêt et l’image de leur pays. Quitte à être, une fois les festivités passées, les critiques les plus sévères.
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