Le (free) style Sarkozy

MARWANE-BEN-YAHMED_2024

Publié le 21 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Nicolas Sarkozy n’en finit plus de dégringoler de son piédestal. La défiance que suscite désormais le chef de l’État français chez une majorité de ses compatriotes tient à plusieurs facteurs. D’abord, le contexte de sa présidence, la pire crise économique depuis des décennies et son corollaire, le moral en berne de ses concitoyens. Réformer un pays, qui en avait bien besoin, dans ces conditions est une gageure exacerbée par les peurs d’une population qui doute de tout, et surtout de ses dirigeants. Ensuite, des revers politiques personnels et des calculs erronés : gifle électorale (régionales de mars), résurrection du Front national et réveil du Parti socialiste, flop du débat sur l’identité nationale, abandon de la taxe carbone, paralysie de l’Union pour la Méditerranée… La liste de ses prestigieux chevaux de bataille transformés en vulgaires canassons éreintés est longue. Enfin, et peut-être surtout, il y a le style Sarkozy et cette propension quasi pathologique à s’agiter en tous sens et à tout mélanger : vie publique et vie privée, rêves et réalité, recherche de la vérité et règlements de comptes.

Les Français qui, en 2007, avaient ardemment souhaité voir la fonction présidentielle évoluer, se moderniser et s’affranchir de l’inertie en vigueur jusque-là sous les ors de la République sont servis… Et tellement désabusés qu’ils en arrivent même à se reprendre d’affection pour un Jacques Chirac qu’ils ne pouvaient plus souffrir à la fin de son règne.

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Dernière erreur en date de Sarkozy, certainement pas la plus importante, mais ô combien révélatrice, la gestion désastreuse de la rumeur sur les difficultés supposées de son couple. Gérer la rumeur, aussi nauséabonde soit-elle, n’est jamais chose aisée, qu’on soit président de la République ou simple citoyen. Ne pas réagir aux bruits qui courent, c’est les laisser se propager, avec le risque de les voir érigés au rang d’informations, puisque, dans l’imaginaire collectif, « qui ne dit mot consent ». Mais les démentir, ou simplement les aborder, ne leur offre pas moins une exposition publique à double tranchant. C’est donc une affaire forcément compliquée, qui n’empêche cependant pas le simple bon sens. Ce qu’il ne fallait surtout pas faire, c’était transformer la rumeur en affaire d’État, mettre en branle les grands moyens de la République pour débusquer les éventuels coupables, menacer, s’agiter, exhiber son courroux, tenter d’humilier ceux dont on pense qu’ils sont à l’origine de ce buzz finalement sans intérêt au moment où la France a d’autres chats à fouetter que de se soucier des présumées galipettes extraconjugales du premier couple de l’Hexagone.

La fonction présidentielle, en France comme ailleurs, requiert du sang-froid et une certaine hauteur. Entre l’inaccessible tour d’ivoire de la fin des années Chirac et les rase-mottes de la première moitié du mandat de Sarkozy, le style de l’hôte de l’Élysée ne répond décidément jamais à la conception que s’en font les Français…

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