Delmas entre deux eaux

Les difficultés financières de CMA-CGM ont épargné sa filiale africaine. Celle-ci doit toutefois ralentir ses projets sur le continent, où l’activité peine à repartir.

Le fret entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest s’est redressé en 2009. © DR

Le fret entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest s’est redressé en 2009. © DR

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Publié le 23 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Le monde reprend, l’Afrique patiente. Moins touché en 2009 par le ralentissement du commerce international, le continent tarde pourtant à retrouver ses niveaux de croissance d’avant 2008, lorsque les échanges par voie maritime croissaient de 10 % à 15 % par an. Selon Delmas, la filiale de CMA-CGM pour l’Afrique subsaharienne, l’activité en janvier et février 2010 est au même niveau que l’an passé, quand la crise battait son plein. Le transporteur leader sur le continent (1,25 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2008), qui doit publier ses comptes 2009 dans les prochaines semaines, table sur une croissance du marché entre 4 % et 5 % cette année, au-dessous de la moyenne mondiale. « Mais tout cela est difficile à estimer. En Afrique, beaucoup d’économies nationales dépendent des cours pétroliers », souligne Jean-François Mahé, directeur général de Delmas.

L’an dernier, en tout cas, le continent s’est avéré un excellent pari stratégique pour les transporteurs. « Les volumes mondiaux ont reculé de 12 % en 2009, alors que l’Afrique subsaharienne a connu une stabilité à l’import », note Jean-François Mahé. Du côté des prix, si le taux de fret a chuté sur la ligne Asie-Afrique, il s’est rapidement redressé sur la ligne Europe-Afrique de l’Ouest. Le vaste réseau développé par CMA-CGM le long de la côte ouest-africaine a par ailleurs permis d’ajuster en permanence les dessertes en fonction du marché. « Début 2009, nous avons ajouté des navires sur l’Angola et diminué ceux vers le range central, avant d’inverser la tendance plus tard dans l’année », ajoute le DG. Bien que l’export ait fortement reculé (le bois, notamment) Delmas a donc clôturé 2008 avec un résultat d’exploitation stable (162 millions d’euros), quand les grandes compagnies voyaient le leur s’effondrer. Delmas, qui n’achète plus ses bateaux (la maison mère le fait), n’a pas non plus été impacté directement par le poids de la dette.

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Les difficultés de CMA-CGM, qui négocie depuis plusieurs mois avec ses créanciers, ont eu des conséquences variables sur l’activité africaine. Le groupe réaffirme le caractère prioritaire du continent dans sa stratégie de développement, tout en précisant que la crise a ralenti les projets. Le principal d’entre eux, la construction d’un port en eaux profondes à São Tomé, qui devait démarrer cette année et se poursuivre jusqu’en 2013, a pris du retard. Nul obstacle technique et juridique : « Le financement (400 millions de dollars, NDLR) reste à trouver », précise Jean-François Mahé.

Le groupe a malgré tout installé au Mozambique une ligne directe vers l’Asie, va le faire bientôt en Namibie, et a inauguré le terminal roulier d’Abidjan. À moyen terme, CMA-CGM et sa filiale Delmas veulent se développer sur l’ensemble de la chaîne logistique (rail, ports et route). D’ici là, le partenariat avec Bolloré, signé il y a quatre ans lors de la cession de Delmas, reste plus opportun que jamais. Il prévoit d’assurer un flux d’activité de 35 % à 40 % par les filiales de Bolloré dans les agences africaines de CMA-CGM, une priorité de traitement pour le fret de Delmas dans les ports où la manutention est libre, et de répondre en commun aux appels d’offres portuaires. De quoi garder la tête hors de l’eau.

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