Religieux en croisade

Les politiques se sont unis pour soutenir la Constitution, mais se heurtent à la résistance des croyants.

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 15 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Il y a quelques semaines, une violente crise opposait, au plus haut sommet de l’État kényan, le président, Mwai Kibaki, et son Premier ministre, Raila Odinga, à propos de certains ministres soupçonnés de corruption. Mais début avril, les deux hommes ont su taire les querelles et se sont montrés unis pour défendre le projet de nouvelle Constitution. Voté sans le moindre amendement par le Parlement, le texte a été transmis au procureur général, Amos Wako, qui doit superviser sa traduction en termes juridiques afin qu’il puisse être soumis par référendum aux Kényans avant la fin de l’année 2010. « Nous demandons en particulier aux dirigeants politiques, religieux ou issus de la société civile de mettre de côté leurs désaccords pour présenter un front commun, a déclaré Raila Odinga. Il ne s’agit ni d’un enjeu pour les partis ni de la campagne présidentielle pour 2012 ; il s’agit de l’intérêt de tous les Kényans. » L’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan s’est pour sa part réjouit de l’unité retrouvée : « Les représentants élus du Kenya ont montré que, malgré des points de vue différents, ils pouvaient s’unir pour offrir un meilleur futur à tous les Kényans. »

Pour autant, la Constitution est encore loin de son entrée en vigueur. La Commission électorale indépendante intérimaire a besoin de quelque 9 milliards de shillings (87 millions d’euros) pour financer un référendum où il n’est pas certain que le « oui » l’emporte. Aujourd’hui, les principaux opposants à la nouvelle Loi fondamentale sont les Églises chrétiennes. Elles s’opposent à la section de l’article 26, qui autorise les médecins à interrompre une grossesse si celle-ci met la vie de la mère en danger, ainsi qu’aux articles 169 et 170, qui laissent autorité aux tribunaux de cadis en matière de mariage, de divorce et d’héritage pour les musulmans. Retiré du pouvoir depuis 2002, l’ancien président Daniel arap Moi condamne pour sa part un texte « académique », qui ignore des problèmes vitaux, comme l’appartenance ethnique et la propriété foncière, et où le pays apparaît comme « un terrain d’expérimentation pour des idées étrangères »…

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