Mêmes causes, mêmes effets
Encore une fois, le Sahel est menacé par la disette. L’alarme est sonnée mais les fonds manquent encore.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des pluies capricieuses, une pénurie d’eau dans les champs, un déficit fourrager pour les troupeaux… Et c’est toute la région sahélienne qui est de nouveau menacée par une crise alimentaire. Comme en 2005, lorsque la période de soudure s’était transformée en drame humanitaire au Niger. Les besoins pour ce seul pays ont été évalués par les agences des Nations unies et les ONG à 190 millions de dollars.
« Il y a cinq ans, on avait eu les criquets, et toute l’attention internationale s’était portée sur le tsunami en Asie. Il avait fallu attendre que la situation devienne vraiment critique pour que l’aide se mette en place. Cette fois, la mobilisation semble au rendez-vous, et les mécanismes d’urgence – comme le recours aux stocks de sécurité et la vente de mil à prix modéré – sont opérationnels », explique Caroline Bah, directrice de l’organisation Afrique verte, qui travaille avec 120 regroupements paysans au Niger.
Le recensement des villages en souffrance est en cours. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Unicef, l’ONG internationale Oxfam… Tout le monde est d’accord sur le constat et pour tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. À 16 millions de tonnes, la production céréalière en Afrique de l’Ouest a baissé de 9 % par rapport à 2008, mais ce chiffre cache de fortes disparités. Plus de 10 millions de personnes sont menacées, dont 8 millions au Niger, où le stock de vivres disponibles ne couvre que 48,7 % des besoins alimentaires, selon les autorités.
« Heureusement, la production céréalière est en hausse au niveau mondial. Les prix internationaux – et donc l’addition sur les importations – ne devraient pas s’envoler, épargnant ainsi les villes. Mais dans les régions rurales reculées, les céréales sont rares, donc chères. Cela renvoie au problème structurel de la paysannerie africaine paupérisée et incapable de se nourrir dès que les greniers sont vides », analyse Marc Dufumier, professeur à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, Agro Paris Tech. Au Niger, des mouvements de population sont déjà perceptibles, notamment parmi les éleveurs en transhumance vers le sud à la recherche de pâturages moins secs. Absence d’engrais, irrigation insuffisante, faibles rendements, accès difficile aux marchés urbains… Les retards de cette agriculture traditionnelle et autarcique sont parfaitement identifiés. Au moindre aléa climatique, ils constituent les germes d’une catastrophe.
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