Terreblanche, le bien nommé

Il y a longtemps que le chef du mouvement de résistance afrikaner (AWB) ne faisait plus peur à personne. Die Leier, le « guide » en afrikaans, équivalent d’un führer allemand ou d’un duce italien, n’avait quasi plus de troupes et aucune influence politique.

Son parti avait pour emblème une croix rappelant l’insigne nazi. © AFP

Son parti avait pour emblème une croix rappelant l’insigne nazi. © AFP

Publié le 19 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Eugène Terreblanche, 69 ans, assassiné le 3 avril, a défendu toute sa vie l’idée d’une suprématie blanche si extrême qu’il en est arrivé à démissionner de la police, déçu de la mollesse du Premier ministre d’alors, John Voster, dont il était l’un des gardes du corps. Retourné à la terre, ce descendant de huguenots français fonde alors l’AWB (en afrikaans, Afrikaner Weerstandsbeweging) avec quelques amis. Nous sommes en 1973, l’apartheid est à son apogée.

Le signe de ralliement de l’AWB est une croix noire, formée de trois 7 – chiffre symbolique de la Bible – sur fond blanc et rouge. Toute ressemblance avec l’insigne nazi n’est évidemment pas fortuite. Vêtus de noir ou de kaki, avec des carrures de rugbymen ventripotents, ses partisans sont déterminés et disciplinés.

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Leur première action publique, en 1979, ressemble à une mauvaise blague. La cible est un professeur d’université, Floors van Jaarsveld, enduit de goudron et de plumes parce qu’il défendait l’idée d’un patrimoine historique commun aux Blancs et aux Noirs du pays.

Ils s’en prendront ensuite à Frederick de Klerk, le « traître » qui a libéré Mandela. En 1991, à Ventersdorp, le fief de Terreblanche, l’AWB tente d’empêcher un meeting du Premier ministre. Bilan : au moins trois morts et une cinquantaine de blessés.

Ses partisans firent aussi une entrée remarquée à bord d’un véhicule blindé, dans le World Trade Center, dans la banlieue de Johannesburg, le bâtiment qui abritait les négociations sur la nouvelle Constitution, fracassant les baies vitrées du bâtiment et paradant drapeau au vent avant d’être neutralisés. Accompagnés de quelques autres extrémistes, ils tentèrent une dernière excursion rocambolesque au Bophuthatswana, une République noire « indépendante » et dirigée par une marionnette de l’apartheid. Ils voulaient en faire leur État, leur Volkstaat, où ils auraient vécu loin de la nation Arc-en-Ciel. L’assaut se termina en pitoyable déroute avec cinq morts chez les assaillants.

Terreblanche ne revint dans l’actualité qu’après sa condamnation en 2001 à six ans de prison pour avoir agressé l’un de ses anciens employés à coup de barre de fer. À sa sortie, en 2004, après une remise de peine, il semblait vieux et fatigué, se hissant avec difficulté sur le cheval qui l’attendait devant la prison, résigné à vivre dans cette « nouvelle Afrique du Sud » qu’il détestait tant.

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Alors que les assassins de Terreblanche comparaissent au tribunal, la foule scande l’hymne national. © Alexander Joe / AFP

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