Sabetha Mwambenja, banquière de choc
Portrait de la directrice générale d’Exim Bank Tanzania.
Le temps des femmes
Il faut voir cette grand-mère de 60 ans, cheveux coupés ras, lunettes à monture dorée et tailleur démodé, partir dans un éclat de rire… Sabetha Mwambenja ne perd jamais son sens de l’humour très longtemps, même quand il s’agit d’expliquer le schéma d’actionnariat d’Exim Bank, qu’elle a créé en 1997.
Avec un capital de 27,5 millions d’euros et des dépôts s’élevant, au total, à 187 millions, c’est la 6e banque de Tanzanie (sur un total de 36). Depuis 2008, Exim Bank détient deux filiales aux Comores. Elle vient d’obtenir une licence pour en ouvrir une en Zambie.
Première femme à avoir fondé une banque en Tanzanie, Sabetha Mwambenja est appelée « Queen » par ses trois enfants. « C’est pour m’encourager ! » Auparavant, quand elle était cadre à la National Bank of Commerce, toujours à Dar es-Salaam, c’est sur son époux, décédé il y a dix-sept ans, qu’elle se reposait : « Quand je finissais tard, il m’attendait dans la voiture. Si les enfants étaient malades, il les conduisait chez le médecin. »
Cette fille de fermiers, qui a grandi dans un petit village du sud-ouest de la Tanzanie, est une pionnière parmi les femmes d’affaires. « Je ne me suis jamais inspirée d’un modèle pour réussir, dit-elle, il n’y en avait pas. J’ai livré ma propre bataille. » Son père, qui a eu cinq filles et seulement un fils, était la risée de ses amis : avec une descendance si féminine, l’ascension sociale de la famille était compromise. « Alors j’ai voulu faire plaisir à mon père ! » s’amuse-t-elle. Ses enfants semblent vouloir perpétuer la tradition. L’aîné étudie à New York et les deux autres en Australie et en Malaisie. « J’ai tant investi dans mes enfants », dit-elle. Sans oublier son bon plaisir. Elle confie en effet toujours voyager en business class, « avoir une belle maison, une belle voiture et bien manger ».
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