Zahi Hawass et la chasse aux trésors
Le secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités égyptiennes veut fédérer les pays dont le patrimoine culturel et historique est en partie détenu par des musées occidentaux.
« Nous devons nous unir, coopérer, nous battre ensemble. » C’est sur ces paroles martiales que Zahi Hawass a ouvert, le 7 avril, au Caire, la Conférence internationale sur la protection et la restitution du patrimoine culturel.
On n’en attendait pas moins du fougueux secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités égyptiennes (CSA), qui a fait de la restitution des œuvres du patrimoine national son cheval de bataille. L’Égyptien se targue d’avoir récupéré 36 000 pièces depuis son arrivée à la tête du CSA, il y a huit ans. Ses dernières victoires : la restitution par le Louvre de fragments de peintures murales vieux de 3 000 ans et, par les États-Unis, d’un sarcophage datant de la fin du Ier millénaire av. J.-C.
Hawass avait invité une trentaine de pays de civilisations anciennes à venir réfléchir à la stratégie à mettre en œuvre pour obtenir le retour des objets de leur patrimoine culturel exposés dans des musées occidentaux. Seize d’entre eux ont finalement répondu à l’appel, dont l’Inde, la Chine, la Grèce, la Corée du Sud et le Mexique.
Néfertiti et la pierre de Rosette comme symbole de la lutte
Parmi les décisions concrètes, il a été convenu que chaque pays établira la liste des pièces litigieuses. En tête du catalogue égyptien, le buste de la reine Néfertiti, conservé à Berlin, et la pierre de Rosette, qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. Pour le British Museum, son actuel propriétaire, elle appartient à l’humanité tout entière. Les conservateurs du British opposent le même argument à la Grèce, qui réclame depuis trente ans des fragments de la frise du Parthénon.
À l’instar des autres pays lésés, Athènes demande que la convention de l’Unesco sur la restitution des antiquités à leurs pays d’origine soit modifiée. Signée en 1970, elle affirme la non-rétroactivité des transactions antérieures à cette date.
Ces demandes, certes légitimes, ne posent pas moins le problème des conditions de conservation dans les musées du Sud – sujet qui n’a pas été abordé au Caire. La rencontre a également pâti de l’absence de grands pays occidentaux (la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne) qui, en tant qu’acteurs historiques de la spoliation, peuvent difficilement rester insensibles à la mobilisation de plus en plus forte des pays du Sud autour de la réappropriation de leurs trésors.
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