Démarrage timide pour Canal Plus
La chaîne satellitaire souffle sa première bougie en Algérie et au Maroc. Mais les débuts se révèlent plus difficiles que prévu.
Le groupe veut marquer le coup : campagne publicitaire lancée le 25 mars, doublée de promotions tarifaires et du lancement d’un magazine des programmes ce mois-ci. Canal Overseas, filiale du groupe français Canal+, implantée en Algérie et au Maroc respectivement en janvier et en mars 2009, aimerait bien profiter de ce premier anniversaire pour booster ses abonnements et oublier quelques ratés. Parmi eux, la Tunisie, qui ne reçoit toujours pas les vingt-cinq chaînes du groupe satellitaire associé à Arabsat, pourtant annoncées depuis le début de son aventure au Maghreb. « Nous sommes en discussion », assure Bruno Thibaudeau, directeur de Canal+ Maghreb, tandis qu’un spécialiste tunisien estime que ce n’est pas pour demain… Bruno Thibaudeau préfère pourtant positiver : l’Algérie est « le marché numéro un, plusieurs dizaines de milliers de foyers marocains et algériens sont déjà abonnés », affirme-t-il. Selon d’autres sources, le groupe atteindrait difficilement les 10 000 abonnés.
Si le piratage peut légitimement être pointé du doigt, la cherté de l’offre est aussi incriminée : alors que la chaîne cryptée a lancé son abonnement mensuel pour 35 chaînes à 18 euros au Maroc et 20 euros en Algérie, le salaire minimum (smic) plafonne respectivement à 180 et 112 euros. L’abonnement représente donc 10 % et 18 % d’un smic contre, par exemple, à peine plus de 3 % en France ! Pourtant, le potentiel existe : en multipliant les promotions, comme les 40 % de rabais lors du ramadan, Canal+ a suscité « des pics de vente à chaque fois », jure le patron de Comagraph, distributeur de Canal Overseas en Algérie. Du coup, la chaîne cryptée réfléchit à des offres plus attractives, dont la durée et le prix seraient modulables. À l’image de ce qui se fait en Afrique subsaharienne, où le groupe est présent avec succès depuis 2001. L’offre mensuelle y varie de 7,50 euros pour 30 chaînes à 60 euros pour 80 chaînes. Outre le prix, Canal+ paie son absence de plusieurs années sur le marché maghrébin. Entretemps, l’offre satellitaire gratuite a pris sa place.
Davantage de football
Autre grief : la faiblesse de l’offre football, liée aux droits de diffusion. Au Maghreb, ils appartiennent à Al-Jazira (Mondial, CAN…) depuis que la chaîne qatarie les a rachetés au groupe saoudien ART. Dépouillé de son offre sport, ce dernier est d’ailleurs en train de plier bagage. Peu rassurant pour Canal, qui tente de réagir : l’émission dédiée au football, Les Spécialistes du Maghreb, lancée en novembre 2009, est une première pour la chaîne, qui en a confié la production à la société marocaine Public Production. Si, pour le moment, l’audience reste confidentielle malgré les centaines de milliers d’euros investis, l’engouement provoqué en Algérie par les reportages du journaliste Guillaume Pivot, immergé avec les Fennecs pour les qualifications au Mondial, pousse à l’optimisme.
De son côté, Boualem Azibi, directeur des programmes, promet plus de cinéma made in Maghreb : « Après avoir acquis les droits de Casanegra, de Noureddine Lakhmar, et de Harraga, de Merzak Allouache, nous venons de signer pour Making Off, de Nouri Bouzid. » Quant à la coproduction de films locaux, la chaîne attend l’équilibre financier pour se lancer : « Le métier de la PayTV exige une phase d’investissement de trois à quatre ans avant d’être à l’équilibre », jauge, confiant, Bruno Thibaudeau.
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