Le crédit à la consommation adopté

Créé en 1959 par des concessionnaires locaux désireux d’offrir des facilités de paiement à une clientèle aisée, Alios élargit aujourd’hui son offre à la classe moyenne.

A Abidjan, Alios Finance octroie jusqu’à 300 millions de F CFA de prêts par mois. © Alios

A Abidjan, Alios Finance octroie jusqu’à 300 millions de F CFA de prêts par mois. © Alios

Publié le 15 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Le marché du crédit à la consommation pour particuliers est-il mûr ? Alios Finance, établissement financier spécialisé installé à Abidjan, le croit, neuf mois après le lancement de ce produit grand public jamais développé en dehors de la clientèle haut de gamme des banques traditionnelles, et dont le taux de pénétration n’est que de 6 %. « Nous signons environ 150 contrats et octroyons jusqu’à 300 millions de F CFA de crédits par mois », indique Maï Sayegh, directrice commerciale du pôle particuliers, qui représente aujourd’hui 10 % des financements. La vitesse de croisière est loin d’être atteinte : au Gabon, seul pays où l’établissement propose ce type de produits depuis quinze ans, aux côtés de Finatra – filiale de la BGFI Bank –, Alios Finance consent 1 milliard de F CFA de crédits à la consommation par mois.

Premiers enseignements ivoiriens : les salariés qui sollicitent des prêts à la consommation s’orientent peu vers les produits d’appel des partenaires commerciaux comme la Librairie de France (pack « ordinateur neuf et connexion internet ») ou Canal Horizons (pack « parabole et poste de télévision »). Les nombreux employés dont le salaire oscille entre 130 000 F CFA et 200 000 F CFA (entre 200 et 300 euros) – qui ne disposent pas d’un chéquier et ne sont pas éligibles aux crédits octroyés par les banques classiques – s’orientent plutôt vers le financement de projets personnels : finir une maison au village, financer des funérailles ou des soins médicaux coûteux, démarrer une activité secondaire pour eux ou des membres de leur famille. Alios Finance ne demande ni caution financière ni domiciliation de salaire, mais des preuves de revenus officiels suffisants, et s’appuie sur les régies financières de l’État et les entreprises, garantes des remboursements.

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Capacité d’endettement dopée

Il faudra attendre la profonde restructuration du groupe créé en 1959 pour voir apparaître l’offre en Côte d’Ivoire, où la demande piaffait : en 2006, une entrée massive dans le capital d’investisseurs internationaux – FMO (Pays-Bas), AfricInvest (panafricain), Finnfund (Finlande), Tunisie Leasing (crédit-bail) – aux côtés des historiques CFAO et Optorg accélère le mouvement. « Les récentes augmentations des salaires des fonctionnaires, bloqués depuis 1982, ont dopé leur capacité d’endettement, et le secteur financier veut en profiter », note un analyste. « Les réflexes mimétiques sont forts dans le monde des entreprises en Côte d’Ivoire, et il ne serait pas étonnant que les banques classiques démocratisent davantage leurs produits de crédit à la consommation », anticipe Innocent N’Dry, conseiller commercial à la Mission économique française à Abidjan.

D’ores et déjà, les « prêts à l’installation » à destination des nouveaux fonctionnaires font l’objet d’âpres batailles commerciales qui indiquent bien que le temps des « comptoirs » financiers intéressés uniquement par le marché des grandes entreprises et la clientèle fortunée est bel et bien révolu.

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