Démocratie : il y a loin de la coupe aux lèvres

Selon une étude sur l’état des réformes dans le monde arabe, les avancées démocratiques sont réelles sur le plan législatif mais insuffisantes dans les faits.

La Syrienne Bassma Kodmani, qui codirige l’Initiative de la réforme arabe (IRA). © Total

La Syrienne Bassma Kodmani, qui codirige l’Initiative de la réforme arabe (IRA). © Total

Publié le 9 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

La seconde édition de l’« Index démocratique arabe » (IDA, première étude panarabe sur les progrès de la transition démocratique) a été présentée le 29 mars, à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), à Paris. Menée par des équipes de chercheurs locaux, sous l’égide de l’Initiative de réforme arabe (IRA), une ONG codirigée par la Syrienne Bassma Kodmani, et du Centre palestinien de recherche politique et statistique, cette enquête porte sur dix pays (Maroc, Algérie, Égypte, Palestine, Jordanie, Syrie, Liban, Arabie saoudite, Yémen, Koweït) qui ont tous « montré des premiers signes de démocratisation » en 2009.

Quarante critères ont été retenus et répartis en quatre groupes : État de droit, fiabilité des institutions, égalité et justice sociale, respect des droits et des libertés. La plus grande innovation de l’IDA, c’est qu’il fait la distinction entre les lois – les « moyens » – et leur application – « les pratiques ». Conclusion : si les avancées démocratiques sont réelles sur le plan législatif, elles ne se traduisent pas suffisamment dans les faits.

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Comme en 2008, c’est la Jordanie qui est première, juste devant le Maroc et l’Égypte. En dernières positions, on retrouve la Syrie, le Yémen et l’Arabie saoudite. En assez net recul, la Palestine et le Yémen. Pour Bassma Kodmani, cela illustre le lien entre sécurité et progrès de la démocratisation : un pays qui subit ou craint la guerre aura moins tendance à se démocratiser. Pourtant, insécurité et réformes peuvent cohabiter, comme en Irak, de même que la stabilité n’induit pas forcément des avancées démocratiques.

Cinquième au classement général, l’Algérie enregistre la troisième meilleure progression. Sur le respect des droits et des libertés individuelles, elle se situe dans la plus haute catégorie, où « les progrès de la transition sont visibles ». En revanche, elle est dernière sur un indicateur innovant de l’index : le poids des dépenses sociales par rapport aux dépenses sécuritaires. Le Maroc, quant à lui, a progressé sur l’égalité des sexes et sur la tenue d’élections régulières et transparentes. Mais il est encore faible en termes d’accès à l’éducation ou de visibilité de l’opposition dans les médias.

Par cet index, l’IRA espère stimuler par l’exemple, la publicité autour des progrès démocratiques d’un pays pouvant en encourager d’autres à l’imiter. Le nombre de participants à l’index 2010-2011 dira si cela a été le cas. En 2009, plusieurs pays n’ont pu être étudiés en raison du refus des États de fournir les données nécessaires…

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