Un baron dans l’arène
La candidature à la présidentielle d’Aboubacar Somparé, ex-président de l’Assemblée nationale, investi par le PUP, parti de l’ancien régime, ne laisse personne indifférent.
Son vœu s’est réalisé. Aboubacar Somparé, 65 ans, est le candidat du Parti de l’unité et du progrès (PUP) à la présidentielle du 27 juin 2010. L’ex-président de l’Assemblée nationale guinéenne (2002 à 2008), considéré comme un baron de l’ancien régime, a été investi le 28 mars. Depuis la mort du président Lansana Conté, le 22 décembre 2008, suivie de la prise du pouvoir par le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), il avait disparu de la vie publique, préférant passer de longues heures dans son bureau, au siège du PUP, formation derrière laquelle Conté s’était abrité après s’être débarrassé de son uniforme de militaire et avoir instauré le multipartisme, en 1992. Si le capitaine Moussa Dadis Camara n’avait pas surgi de nulle part pour prendre le fauteuil laissé vacant, ce dernier aurait été occupé par Somparé.
Malgré la distance qui s’était installée entre lui et le défunt président lorsque ce dernier n’a plus été apte, du fait de sa maladie, à diriger le pays, Somparé est considéré comme un artisan de la faillite de l’État guinéen. S’il est arrivé qu’il dénonce la gabegie financière et les fameux « décrets et contre-décrets », on lui reproche d’avoir refusé de faire constater par la Cour suprême l’incapacité de Conté à gouverner, notamment lors des émeutes meurtrières de janvier-février 2007. Et, si les leaders politiques engagés dans la course à la présidentielle se sont abstenus, jusqu’à présent, de critiquer son arrivée dans l’arène, celle-ci ne laisse personne indifférent. Depuis 1993, année des premières élections multipartites, le PUP, dont Somparé est l’un des fondateurs et qui traîne une réputation de grand fraudeur, a remporté toutes les consultations. Mais il jouissait alors des moyens de l’État.
