De trop beaux sondages ?

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 15 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Laurent Gbagbo, il le répète, croit aux sondages, tout au moins à ceux qu’il a commandés à l’institut français TNS Sofres et qui, depuis huit mois, le donnent régulièrement vainqueur au second tour de la présidentielle. Le cinquième et dernier en date (février 2010) est même encore meilleur pour lui que les précédents : 60 % contre Ouattara et 55 % contre Bédié. Mais il est le seul, ou presque, à y croire. Ni ses adversaires, ni la France officielle, ni même une partie de son propre entourage n’assurent accorder crédit à ces enquêtes, qui, à les entendre, seraient trop favorables à leur commanditaire pour être prises au sérieux. À Abidjan, tout le monde à un avis sur la question : « Gbagbo s’est laissé enfumer », « le panel relève du bricolage », « les résultats sont tout simplement inimaginables », ou encore, variante locale de la théorie du complot : « On intoxique le président pour lui faire croire qu’il va gagner et le pousser à la faute. »

Autant d’assertions qui ont le don d’agacer Brice Teinturier, directeur adjoint de TNS Sofres, lequel a dirigé la vingtaine d’enquêteurs mobilisés pour cette vague de sondages. « Notre échantillon représentatif a été constitué à partir du dernier recensement de 1998 amélioré par nos propres bases de données, TNS Sofres réalisant régulièrement des études de marché en Côte d’Ivoire, et à partir des statistiques départementales de la population enrôlée sur les listes électorales, disponibles auprès de la primature, de la CEI et de Sagem Sécurité », explique-t-il à J.A. « Il y a, certes, quelques imperfections et quelques interrogations sur la sincérité des réponses, valables d’ailleurs pour tous les candidats, mais rien qui remette en cause la validité et la permanence des résultats. D’ailleurs, plutôt que de critiquer ces sondages, l’opposition ferait mieux de les regarder de près : unie, elle gagne au premier tour et, avec un transfert de voix majoritaire entre ses deux candidats, elle gagne au second. Le score de Gbagbo devrait d’autant plus l’interpeller que les redressements post-enquête réalisés par nos soins ont été volontairement plus durs avec le président sortant qu’avec ses concurrents », poursuit Teinturier.

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Reste que les sceptiques ont un argument de poids. Pourquoi, si ces enquêtes d’opinion sont aussi fiables, le chef de l’État ne fait-il pas tout pour organiser l’élection le plus rapidement possible, quitte à avaliser une liste électorale dont il se méfie et à passer outre le préalable du désarmement ? Il y a là un mystère qui n’a que deux explications : soit Laurent Gbagbo, qui sait qu’un bon sondage ne fait pas forcément une bonne élection et que la campagne sera décisive, tient à s’entourer au maximum de garanties avant de sauter le pas. Soit il hésite lui-même, la nuit venue, à croire encore tout à fait en ces lendemains radieux que lui prédisent les magiciens blancs de TNS Sofres.

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