Du bourguibisme sans Bourguiba

Mohamed Sayah, ancien ministre

Publié le 12 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Que reste-t-il de Bourguiba ?
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Que reste-t-il de Bourguiba ?

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Tribun populaire, homme de courage, Bourguiba a combattu les idées reçues jusqu’à heurter violemment la sensibilité de ses compatriotes. Il avait trois qualités sans lesquelles on ne saurait concevoir le bourguibisme après lui. La première, c’est la maîtrise de soi, la domination des mauvais instincts, la suprématie de la raison sur les impulsions et les élans émotionnels. C’est l’art de diriger la cité avec clairvoyance et sagesse. « On ne bâtit rien avec la haine, la rancune ou l’esprit de vengeance », disait-il.

La deuxième, c’est le dévouement total, avec ce qu’il comporte de disposition aux sacrifices de toutes sortes, non seulement d’ordre matériel mais aussi moral, sans autre souci que l’intérêt de la cause nationale. Le bourguibisme, comme Bourguiba aimait lui-même à le définir, n’est autre que le « don de soi ».

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La troisième qualité, c’est un sens aigu de l’efficacité, exigeant, en plus des vertus morales évoquées, un niveau intellectuel élevé, une vaste culture, et une connaissance approfondie de la politique et des problèmes de la société, le tout allié à une grande lucidité permettant de faire les bons choix, au bon moment. De ce fait, le bourguibisme, sans rompre avec la morale, est l’art de l’efficacité.

S’il n’est pas donné que de telles qualités se retrouvent toutes chez un même homme pour faire de lui un guide providentiel, il ne peut pas être dit que l’entreprise bourguibienne ne continuerait pas après Bourguiba. Conduite comme elle l’a été avec méthode, persévérance et en profondeur, elle a abouti à des résultats qui, s’ils doivent être, comme toute œuvre humaine, constamment fortifiés, ne sont pas moins irréversibles.

De l’éveil des consciences qu’il a su provoquer, de la volonté de progrès qu’il a su insuffler et de la valeur d’exemple qu’il a inspirée sont nés la cohésion du peuple, l’ardeur de sa résistance, son goût de l’effort, son souci de corriger des faiblesses et d’être partie prenante de l’évolution universelle. Finalité de l’œuvre bourguibienne, le peuple est aussi le dépositaire de son message et le meilleur garant de sa pérennité.

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