Cheikh Ahmed, l’homme qui valait 600 milliards
C’est ce qu’on appelle le destin. Découvert dans les eaux boueuses du Bouregreg, le fleuve qui traverse Rabat, le cadavre de Cheikh Ahmed Ben Zayed al-Nahyane a été transporté, le 30 mars, à l’hôpital Cheikh-Zaïd, construit par son défunt père il y a dix ans.
Le prince, âgé de 41 ans, est décédé le 26 mars dans un accident d’ULM, tout près de la propriété que possède sa famille, au-dessus du barrage Sidi-Mohammed-Ben-Abdallah. « Le cheikh a pu détacher sa ceinture, mais, contrairement à son instructeur espagnol, il n’a pas réussi à s’éjecter. Son corps s’est enfoncé dans la vase », rapporte une source proche de l’enquête. Il a été enterré à Abou Dhabi le 31 mars.
Frère de l’actuel président des Émirats arabes unis, cheikh Ahmed Ben Zayed, que les médias surnommaient « l’homme qui valait 600 milliards », occupait la 27e place dans le classement mondial des milliardaires établi chaque année par le magazine américain Forbes. Depuis 1997, il dirigeait l’Abu Dhabi Investment Authority (Adia), l’un des plus importants fonds souverains de la planète, créé onze ans auparavant pour gérer les excédents pétroliers de l’émirat d’Abou Dhabi. En 2007, un rapport de l’Adia révélait que le Maroc était considéré comme un pays prioritaire pour les investissements émiratis, notamment dans le BTP, les télécommunications ou le tourisme.
« Tout comme son père et ses frères, cheikh Ahmed était un habitué du Maroc, où il se rendait pour le plaisir et pour les affaires. C’était un peu sa seconde patrie, et il était très apprécié de la population », révèle un proche.
Père de deux enfants, connu pour sa discrétion, il était un grand sportif et un amateur de sensations fortes. Il se passionnait en particulier pour la chasse au faucon, qu’il pratiquait parfois dans le royaume. Il possédait d’ailleurs une vaste propriété à Missour, dans la région de Fès, où il élevait ces oiseaux de proie et des outardes. Sa famille est également propriétaire d’un domaine de chasse à Marrakech, ainsi que de maisons à Rabat, à Skhirat et dans la région d’Errachidia.
La famille régnante émiratie entretient des relations privilégiées avec la famille royale du Maroc depuis plus de quarante ans. À la fin des années 1970, Hassan II avait dépêché auprès de cheikh Zaïd – le père du défunt – l’un de ses plus fidèles collaborateurs, le général Laanigri, pour veiller personnellement à l’organisation de son service de sécurité et au renforcement de ses unités militaires.
Depuis l’avènement de Mohammed VI, les investissements émiratis au Maroc se sont multipliés, notamment dans le domaine social (hôpitaux, fondations…), au point que Rabat a été, en 2009, le premier destinataire des investissements de l’émirat dans le monde arabe.
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