Les quatorze femmes puissantes d’Emmanuel Dongala
Dédié à la cause des femmes, le nouveau roman de l’écrivain congolais paraît le 14 avril. Un texte lumineux dont « Jeune Afrique » vous livre un extrait, en avant-première.
Elles sont quatorze. Quatorze femmes à concasser chaque jour, sous un soleil de plomb, de la pierre utilisée dans la fabrication du béton armé ou le gravillonnage des routes. Quatorze compagnes de misère mises au ban de la société congolaise parce qu’elles sont nées femmes, parce que « la vraie loi, disent-elles, celle que nous subissons tous les jours, est celle qui donne toujours l’avantage aux hommes », parce qu’il n’y a peut-être pas « pire endroit pour une femme sur cette planète que ce continent qu’on appelle Afrique ».
Veuves dépouillées par la « cupidité obscène » des uns, épouses abandonnées par la lâcheté des autres ou trompées par des maris volages qui reviennent au foyer avec le sida, mères à qui l’enfant a été arraché par les forces de l’ordre et dont les filles ont été violées par ces mêmes corps armés… les héroïnes du dernier roman d’Emmanuel Dongala, Photo de groupe au bord du fleuve, sont lasses. Lasses d’être sans cesse des victimes, elles décident de prendre en main leur avenir.
La construction d’un nouvel aéroport nécessite une quantité colossale de gravier qu’elles veulent vendre au double du tarif habituel. S’engage alors un long combat « pas seulement pour un meilleur prix pour nos sacs, explique l’une d’elles, mais aussi pour qu’on nous respecte ». Un bras de fer social qui se mue aussitôt en affaire d’État et qui conduit ces femmes dans des situations parfois cocasses, parfois dramatiques, qu’elles ne maîtrisent guère mais dont elles parviennent à se sortir grâce à une solidarité exemplaire.
Huit ans après Johnny Chien méchant, adapté au cinéma en 2008 (Johnny Mad Dog), Emmanuel Dongala signe là un roman féministe haletant, raconté à la deuxième personne du singulier. À la fois implacable et optimiste, Photo de groupe… offre une galerie de portraits de femmes puissantes qui luttent au quotidien pour nourrir et éduquer leurs enfants et qui rêvent de construire leur avenir. En dépit des règles rétrogrades imposées par les hommes, la tradition et la religion. Salutaire.
Retrouver les bonnes feuilles du nouveau roman d’Emmanuel Dongala en cliquant ici.
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