Massogbé Touré Diabaté, reine de l’anacarde
Noix de cajou, produits de la mer, coton, bois : la montée en puissance des industries de transformation tient pour beaucoup à la personnalité d’entrepreneurs pugnaces.
Côte d’Ivoire : du bon usage des matières premières
L’histoire de Massogbé Touré Diabaté se confond avec celle de la noix de cajou en Côte d’Ivoire. C’est dans les années 1980 qu’elle découvre l’anacarde et perçoit son importance. Elle crée en 1981, avec des femmes rurales organisées en coopérative – la Coopérative des planteurs d’anacardier de Côte d’Ivoire (Coplaci) –, une plantation test de 10 hectares d’anacardiers… portée aujourd’hui à 150 ha, à Lowana, à 10 km d’Odienné (Nord-Ouest). L’expérience est un succès. Et Massogbé Touré Diabaté abandonne son poste de cadre chez DHL pour s’y consacrer. Elle lance une campagne promotionnelle de la culture de noix de cajou en offrant des semences dans tous les villages de la région d’Odienné. Cette opération permet de planter plus de 20 000 ha d’anacardiers. En 2000, elle monte la Société ivoirienne de traitement d’anacarde (Sita), la première usine de transformation du produit dans le pays, qui se dispute désormais le marché ivoirien de la transformation de noix de cajou avec le géant singapourien Olam. L’unité, qui a nécessité 10 milliards de F CFA (plus de 15,2 millions d’euros) d’investissements, a une capacité de production de 3 000 t/an et emploie plus de 1 000 personnes, dont 80 % de femmes.
Pour la reine de l’anacarde, cette performance n’est pas suffisante : le défi est que, à moyen terme, au moins 50 % des 350 000 tonnes de noix produites au niveau national soient transformées localement. « La Sita compte doubler sa capacité de production au cours des prochaines années, confirme-t-elle. Il nous faut par ailleurs multiplier les usines de transformation afin d’apporter de la valeur ajoutée à nos produits. On ne va pas continuer à exporter les noix à l’état brut ni attendre que d’autres viennent les transformer », plaide Massogbé Touré Diabaté, qui a bénéficié du projet « Initiative cajou africaine » financé par la Fondation Bill et Melinda Gates pour le compte de l’ONG américaine TechnoServe.
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