Injustes noces

Partisanes et adversaires de la loi imposant un âge minimum pour se marier s’affrontent par manifestations interposées.

Des lycéennes protestent contre le mariage des fillettes, le 23 mars, devant le Parlement, à Sanaa © AP/SIPA

Des lycéennes protestent contre le mariage des fillettes, le 23 mars, devant le Parlement, à Sanaa © AP/SIPA

Publié le 6 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Votée en 2009, la loi imposant un âge minimum pour se marier – 17 ans pour les filles, 18 pour les garçons – divise les femmes yéménites. À l’occasion de son examen par le Comité constitutionnel du Parlement, saisi par des députés de l’opposition qui jugent le texte contraire aux principes de l’islam, partisanes et adversaires de la loi s’affrontent par manifestations interposées.

Le 21 mars, encouragées par une fatwa du cheikh Abdelmajid Zendani, membre par ailleurs dudit Comité constitutionnel, elles étaient des milliers à défiler pour dénoncer la réforme, arguant qu’aucun âge n’était fixé dans le Coran. Deux jours plus tard, c’était au tour de plusieurs centaines de femmes de battre le pavé pour défendre le texte, clamant que la question ne fait pas l’unanimité chez les oulémas. Mais elles invoquent aussi des arguments non religieux : la nécessité de lutter contre l’interruption de la scolarité des filles et, surtout, contre le taux de mortalité maternelle, cinq fois plus élevé lors du premier accouchement quand la mère a moins de 15 ans, un phénomène que la doctoresse Nafissa al-Jaïfi est venue expliquer aux parlementaires.

la suite après cette publicité

Dans ce pays parmi les plus pauvres du monde arabe, le mariage constitue une source de sécurité financière. Une jeune fille sur deux convole en justes noces avant l’âge de 18 ans. Le divorce qu’a obtenu en 2008 Nojoud Mohamad Ali, mariée de force à 8 ans, avait amené le Parlement à légiférer. La loi a été votée par une majorité de députés, dont ceux du parti du président Abdallah Saleh. Mais ce dernier ne veut surtout pas s’aliéner les islamistes conservateurs d’Al-Islah, le principal parti d’opposition. Le président du Parlement pourrait envisager d’imposer un âge minimum, mais en renonçant aux sanctions – une forte amende et une peine de prison d’un an – prévues pour les parents contrevenants, ce qui viderait la loi de son sens, au grand dam des ONG et associations proches du pouvoir qui se battent pour que le Yémen rejoigne les dix pays arabes qui ont déjà, selon la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), fixé par la loi un âge minimum pour le mariage.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh allie soutien saoudien et américain © Reuters

Ali Abdallah Saleh, l’équilibriste

Yémen : Etat en voie de disparition

Contenus partenaires