Des photos indécentes
Montrer les victimes de la violence politique, parfois leur blessure et leur nudité, est « indécent ». C’est la justification donnée par la police zimbabwéenne après un raid le 23 mars contre une galerie d’art de Harare. À la veille de l’ouverture de l’exposition, organisée par l’ONG de lutte pour les droits de l’homme, ZimRights, des policiers sont venus décrocher plus d’une soixantaine de clichés.
La plupart des photos ont été prises lors de la préparation des élections de 2008, marquées, comme les précédents scrutins, par des violences à l’encontre des militants de l’opposition. Elles montrent notamment l’actuel Premier ministre du gouvernement d’union, Morgan Tsvangirai, gravement blessé à la tête après un passage à tabac, la dispersion brutale de manifestations, mais aussi Robert Mugabe, le chef de l’État, en train de prier.
La police a demandé aux organisateurs de prouver qu’ils avaient obtenu l’autorisation de toutes les personnes présentes sur les clichés avant de les exposer au public. Saisie en urgence, la justice a ordonné le 24 mars, à quelques heures de l’inauguration de l’exposition, la restitution des photos.
« Ce que ces gens [les partisans de Mugabe, NDLR] ne comprennent pas, c’est que montrer ces photos, ce n’est pas rouvrir des blessures, c’est au contraire assurer la guérison », a indiqué Morgan Tsvangirai. Son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), dont les militants continuent d’être stigmatisés, a décidé de publier régulièrement les noms des responsables des violences, estimant que justice doit être faite. Déjà le vice-président de l’association des anciens combattants et quatre députés ont été désignés comme commanditaires des violences. La liste devrait s’allonger de semaine en semaine, promet le MDC.
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