Minurcat : un an et puis s’en va ?

N’Djamena entend mettre fin à la mission des Casques bleus. L’ONU n’est pas d’accord.

Publié le 1 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Les jours de la toute jeune Minurcat (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad) sont comptés depuis qu’Idriss Déby Itno a fait du retrait de ses troupes une priorité – contre l’avis de l’ONU.

Les deux parties se sont donné dix jours pour trouver un terrain d’entente. Le 22 mars, une délégation des Nations unies dirigée par le Tunisien Youssef Mahmoud, sous-secrétaire général de l’organisation, est arrivée à N’Djamena. Objectif : convaincre les autorités tchadiennes de donner du temps aux Casques bleus. Le mandat de la Minurcat, prolongé de deux mois le 12 mars, arrive à échéance le 15 mai. Arguant du réchauffement de ses relations avec le Soudan, Déby Itno ne souhaite pas le renouveler – il l’avait annoncé le 9 février à Khartoum. Selon son porte-parole, Dieudonné Djonabaye, « la Minurcat ne sert à rien. Elle avait promis de faire des forages et de construire des dispensaires, mais, un an après, on ne voit rien venir. Et les bandits continuent de sévir ». Déby Itno avait accepté l’« intrusion » onusienne, qui a remplacé la force de l’Union européenne (Eufor), avec l’espoir qu’elle mettrait fin aux attaques rebelles. Sur ce point, « c’est un échec », estime-t-il.

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Procès d’intention, répond-on du côté de l’ONU. « La Minurcat vient de célébrer son premier anniversaire. Un an, ce n’est rien ! Nous n’avons même pas encore atteint notre plafond d’effectifs », répond Penangnini Touré, porte-­parole de la mission. Créée en 2007, mais installée en 2009, pour assurer la sécurité des 250 000 réfugiés et 180 000 déplacés au Tchad et en Centrafrique, favoriser leur retour et faciliter l’aide humanitaire, la Minurcat dispose de près de 3 600 militaires et policiers. Si son bilan est mince – la faute notamment à un déploiement sur le terrain très lent –, « pour l’heure, c’est la seule force qui permet d’assurer la sécurité des civils dans l’est du pays », estime Christian Mukosa, du programme Afrique d’Amnesty International. L’ONG, à l’instar de Human Rights Watch, s’oppose à un retrait des troupes onusiennes.

L’opposition, de son côté, veut y voir une manœuvre de Déby Itno afin de se débarrasser d’observateurs extérieurs en prévision des prochaines élections (fin 2010). « C’est faux. La mission de l’ONU n’est pas mandatée pour surveiller quelque scrutin que ce soit », rappelle le pouvoir tchadien.

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