Hommage unanime à Zohra Sellami

Le décès de l’épouse de l’ancien président Ahmed Ben Bella a provoqué une émotion nationale.

L’épouse d’Ahmed Ben Bella (ici à Beyrouth avec lui, en 2001) est décédée le 23 mars. © AFP

L’épouse d’Ahmed Ben Bella (ici à Beyrouth avec lui, en 2001) est décédée le 23 mars. © AFP

Publié le 31 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Entouré de son lointain successeur, Abdelaziz Bouteflika, et du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, 92 ans, a enterré, le 24 mars, son épouse Zohra Sellami, décédée la veille dans un hôpital parisien à l’âge de 67 ans.

L’histoire de cette femme de caractère est pour le moins romanesque. Originaire de M’sila (nord-est de l’Algérie), Zohra Sellami, journaliste à l’hebdomadaire Révolution africaine, organe central du FLN, était une spécialiste des mouvements de libération de l’Afrique subsaharienne, familière des maquis du Frelimo (Mozambique) et du PAIGC d’Amílcar Cabral (Guinée et Cap-Vert). Chaque semaine, la pasionaria révolutionnaire dédiait sa chronique hebdomadaire à « l’émancipation du continent ».

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En 1972, elle reçoit une curieuse demande en mariage. Elle émane d’Ahmed Ben Bella, alors détenu dans une résidence d’État, à Douera (30 km au sud-ouest d’Alger), après le coup d’État militaire qui l’avait renversé le 19 juin 1965. Un officier de la Sécurité militaire, geôlier du président déchu, transmet le message à la jeune femme, qui n’hésite pas une seconde : « C’est oui, pour le pire… et pour le pire. » Consciente qu’elle va lier sa vie à celle d’un détenu promis à la réclusion à perpétuité, elle sacrifie à son amour sa carrière et sa famille.

Le 23 mars dernier, la présence d’Abdelaziz Bouteflika à l’aéroport pour accueillir sa dépouille mortelle puis, le lendemain, au cimetière d’El-Alia, a donné à l’événement des allures de funérailles nationales. Jamais depuis son retour aux affaires, en 1999, le chef de l’État n’avait assisté à des obsèques, à l’exception de celles de sa mère, Mansouria Ghezlaoui, le 5 juillet 2009, et encore était-ce dans la plus stricte intimité. Il ne s’était pas montré, par exemple, à l’enterrement du général Larbi Belkheir, en janvier dernier, ni à celui du colonel Ali Tounsi, un mois plus tard. « On n’a pas à justifier sa présence à des funérailles, s’agace-t-on dans son entourage. Il est vrai que c’est la première fois qu’un ancien président de la République perd son conjoint. »

Outre le Premier ministre, les présidents des deux chambres du Parlement et le chef d’état-major, le général de corps d’armée Gaïd Salah (en civil), de nombreuses personnalités du monde politique et économique ont assisté à l’inhumation. Au milieu de cette foule, très affecté par la disparition de celle qui a partagé sa détention, son exil, puis son retour au pays, Ahmed Ben Bella pleurait sa compagne en psalmodiant des versets du Coran.

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