Conflits résolus
Pétrole : les frontières de la discorde
• Drôle d’histoire que celle de ce petit archipel de 160 000 habitants : São Tomé e Príncipe s’est rêvé brusquement en prochain Koweït lorsqu’en 1997 une firme texane, la ERHC (Environmental Remediation Holding Corporation), a estimé que l’îlot était assis sur des réserves pouvant atteindre 11 milliards de barils. L’appétit de ses voisins (Nigeria, Gabon, Guinée équatoriale) s’est réveillé pour aussitôt contester les frontières. Saisie, la Cour internationale de justice (CIJ) a délimité la Zone économique exclusive (ZEE) de São Tomé. Le géant nigérian a négocié, lui, avec l’archipel en 2001 un traité dans « le respect des ZEE » portant sur une zone de développement conjoint (JDZ) où les réserves avoisineraient 1 milliard de barils. São Tomé obtient 40 %, le Nigeria 60 %. L’îlot s’en tire bien : « Le Nigeria aurait pu tout rafler », confie un expert.
• La CIJ avait déjà départagé en 1982 la Tunisie et la Libye, qui s’opposaient depuis quinze ans pour la délimitation de leur plateau continental. En jeu : le bloc offshore 7-Novembre, situé sur la frontière maritime tuniso-libyenne et qui recèlerait 2 milliards de barils. La Libye obtient de la CIJ une frontière proche de ce qu’elle revendique à l’époque. En septembre prochain, la compagnie Canadian Superior commencera à forer pour le compte de la Joint Oil, société tuniso-lybienne (50/50) créée en 1988 pour le développement de 7-Novembre.
• A contrario, la CIJ n’est pas intervenue dans le différend qui a opposé, en 1964, la Tunisie et son autre voisin, l’Algérie. Cette année-là, Agip découvre El-Borma, un gisement prometteur dans l’extrême sud tunisien, à la frontière des deux pays. Les chefs d’État s’entendent finalement à l’amiable pour se répartir El-Borma.
• À l’inverse, l’arbitrage international a été nécessaire en 2006 pour faire taire les canons sur la péninsule de Bakassi. Rétrocédé par le Nigeria au Cameroun le 14 août 2008, ce territoire de 1 000 km2 n’a pourtant pas de réserves estimées.
• C’est justement pour éviter ce scénario que le Sénégal et la Guinée-Bissau s’accordent en 1995 pour la création de l’Agence de gestion et de coopération (AGC) : 20 % des ressources martimes reviennent à Bissau, 80 % à Dakar. Mais si le potentiel de 1,1 milliard de barils est confirmé, le Sénégal sera peut-être tenté de renégocier, afin d’écarter toutes velléités d’un voisin jugé instable.
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