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Publié le 9 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Tunisie : Une nouvelle jeunesse
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Tunisie : Une nouvelle jeunesse

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La jeunesse tunisienne est à la une de l’actualité, la fête qui lui est consacrée chaque 21 mars coïncidant en 2010 avec la célébration de l’Année inter­nationale de la jeunesse. À cette occasion, et à la demande du président Zine el-Abidine Ben Ali, une 4e consultation nationale sur la jeunesse est en cours, depuis le début de l’année, auprès des jeunes âgés de 15 à 29 ans, qui représentent 29,7 % de la population. Jusqu’à la fin avril, 10 000 d’entre eux seront sondés quant à leurs préoccupations sur des questions en rapport avec le développement, et, à partir du mois de juin, 100 000 seront appelés à participer à des forums de dialogue dans tout le pays. « La Tunisie, déclare Samir Laabidi, ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Éducation physique, peut s’enorgueillir d’être l’unique pays à les organiser. »

Mais que sait-on de ces jeunes ? Presque rien. Fort heureusement, le Centre d’études et de recherches économiques et sociales (Ceres), renouant avec l’excellent travail réalisé dans les années 1960-1970 par des sociologues comme Abdelkader Zghal, s’est mis à leur écoute. Ce n’est pas ici le lieu pour rendre compte des résultats*, mais, à leur lumière, nous pouvons dégager cinq tendances.

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La première est que, à la suite de la démocratisation de l’éducation entamée il y a un demi-siècle, la scolarisation obligatoire (jusqu’à l’âge de 16 ans) a accentué sa massification et a permis aux catégories défavorisées d’atteindre, en plus grand nombre, l’enseignement supérieur. Les jeunes les plus démunis sont obligés de choisir les filières courtes leur permettant d’accéder au plus tôt à un emploi.

La deuxième est que la Tunisie a déjà franchi le seuil de l’égalité des chances pour les deux sexes : la part des filles dans l’effectif global des étudiants a atteint 59,5 % en 2008-2009, et elles sont au coude à coude avec les garçons dans les filières des technologies de l’information et de la communication (TIC), dont les débouchés sont nombreux.

La troisième est que l’employabilité est désormais prioritaire pour les étudiants, devenus clairement matérialistes. Mais dans un contexte marqué par la crise de l’emploi, une minorité d’entre eux maintient le cap sur la réussite. Certains baissent les bras ; d’autres, pour survivre, essaient d’aller jusqu’au bout en pensant à l’émigration vers les pays du Golfe ou l’Europe, qu’ils ne voient cependant plus comme un eldorado.

La quatrième est que, si le système éducatif a réussi à former des compétences techniques en grand nombre – ce qui a l’avantage de renforcer la compétitivité du pays pour attirer des investisseurs étrangers –, ses nombreuses imperfections ont en revanche l’inconvénient de produire des diplômés-chômeurs.

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Enfin, cinquième tendance, comme dans d’autres pays, le milieu étudiant n’est plus le centre de débats d’idées contradictoires qu’il était, ni la phase cruciale, pour la jeunesse, dans l’engagement politique. La démocratie commence sur les bancs de l’université. Or, sans cette « formation parallèle », les futures élites – y compris technocratiques – traîneront un handicap. Avec le temps, on ne finira pas de s’en apercevoir.

* « Les nouvelles générations d’étudiants tunisiens, un monde universitaire en mutation », C. Memmi, S. Ben Fredj, L. Bennour, N. Dhaher, M. Triki, Cahiers du Ceres, n° 5 , Tunis, 2010.

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