Le rouge et le jaune

Reprise des affrontements entre partisans et adversaires de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

Trois cent litres de sang déversés devant le QG du gouvernement, le 16 mars à Bangkok. © Reuters

Trois cent litres de sang déversés devant le QG du gouvernement, le 16 mars à Bangkok. © Reuters

ProfilAuteur_JeanMichelAubriet

Publié le 22 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Ça recommence ! Depuis le renversement par l’armée, il y a près de quatre ans, du Premier ministre – par ailleurs magnat des télécoms –, Thaksin Shinawatra, la capitale thaïlandaise se teinte alternativement de rouge et de jaune.

Le rouge, c’est la couleur du Front uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD), qui regroupe les partisans du chef du gouvernement déchu. Ils viennent, dans leur majorité, du nord du pays et, à l’inverse de leur leader vénéré, ne roulent pas sur l’or : ce sont des paysans sans le sou.

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Le jaune, c’est la couleur de l’Alliance populaire pour la démocratie (PAD), coalition hétéroclite composée de partisans du roi Bhumibol Adulyadej, de militaires et d’intellectuels. C’est le parti des classes moyennes, des élites urbaines enrichies par le développement accéléré du pays, mais désormais frappées de plein fouet par la crise.

Entre les deux camps, une profonde fracture sociale : les 20 % des Thaïlandais les plus prospères possèdent 69 % des richesses du pays, alors que les 20 % des plus démunis se contentent de 1 %. Quand les jaunes réussissent à s’emparer du pouvoir, comme c’est le cas actuellement, les rouges prennent possession de la rue. Et inversement. Les risques de dérapage sont évidemment considérables, mais, jusqu’ici, ont été à peu près circonscrits : seulement deux morts, en avril 2009.

Cette fois, c’est la décision de la Cour suprême de confisquer une partie des avoirs de Thaksin – 1,4 milliard de dollars, quand même ! – qui a mis le feu aux poudres. À l’appel de l’UDD, qui réclame le départ du gouvernement et la tenue d’élections anticipées, les « chemises rouges » descendues du nord en camions, motos ou minibus ont tenté de paralyser Bangkok : 50 000 manifestants le 13 mars, 100 000 le lendemain… Face à ce déferlement, le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, réfugié dans une caserne de l’armée de terre, est resté de marbre et a déployé dans les rues 50 000 soldats et policiers. Résultat : quatre jours plus tard, les manifestants n’étaient plus que 10 000.

Pendant ce temps-là, Thaksin, qui, en son absence, a été condamné à deux ans de prison pour corruption et a récemment acquis la nationalité monténégrine, prenait du bon temps dans un luxueux hôtel de la côte adriatique. Il continue de diriger à distance ses partisans et multiplie les investissements à travers le monde. On parle d’une loterie dans les îles Fidji et d’une mine d’or au Swaziland…

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