Taximen en colère

La mise en place d’un système moderne de transports en commun a déclenché des affrontements à Soweto.

Plusieurs bus ont été attaqués à Johannesburg le 15 mars. © Reuters

Plusieurs bus ont été attaqués à Johannesburg le 15 mars. © Reuters

Publié le 24 mars 2010 Lecture : 1 minute.

À Soweto, un des bus flambant neufs a essuyé des tirs, un autre a été caillassé alors que des milliers de chauffeurs et leurs patrons barricadaient les routes à la sortie du township de 3 millions d’habitants en brûlant des pneus. Les policiers ont ouvert le feu avec des balles en caoutchouc et arrêté 68 personnes. La cause de la colère : la mise en service du réseau Rea vaya (« on bouge », en sesotho) dans la ville de Johannesburg.

L’introduction de ce nouveau système de transports en commun, avec couloirs de bus et arrêts sous télésurveillance, est une révolution en Afrique du Sud, où le régime de l’apartheid avait négligé les transports publics pour maintenir les populations à l’écart des centres-villes. Depuis, les déplacements urbains étaient dominés par les « taxis », des minibus privés, organisés en cartels, qui d’ailleurs se livraient déjà entre eux une guerre sans merci. Devant des menaces de violences avant les élections d’avril 2009, le projet avait été reporté. Les discussions avec les opérateurs n’ont pas suffi pour apaiser les tensions. « Avec l’arrivée des bus, ce sont des milliers de familles de chauffeurs qui ne mangeront pas. Il n’y a pas assez d’emplois dans les bus pour tous nos membres », explique Sipho Nkwanyana, membre du United Taxi Association Forum. « Il n’est pas question que nous nous laissions intimider. Les taxis sont divisés et n’ont pas su négocier quand ils étaient invités à le faire. Pour les petits trajets le long des rues secondaires, il y aura toujours une place pour eux. Ils n’ont qu’à s’adapter », argumente Rehana Moosajee, conseillère municipale chargée des transports. Selon elle, les usagers sont satisfaits de ce système mieux organisé, plus sécurisé et moins cher. L’introduction de bus « à l’européenne » est l’une des rares retombées concrètes de l’organisation de la Coupe du monde de foot.

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La mise en service du réseau est prévue à Durban, au Cap, à Bloemfontein et à Port Elizabeth dans les prochaines semaines. De nouvelles manifestations sont à prévoir.

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