Maghreb : le charme discret du christianisme
Chrétiens en terre d’islam : l’impossible cohabitation ?
Dans les pays du Maghreb francophone, les chrétiens représentent une très faible minorité, la plupart étant étrangers. Ils seraient 100 000 en Algérie (0,3 % de la population), 190 000 au Maroc (0,6 %) et 50 000 en Tunisie (0,5 %).
Les Constitutions de ces trois pays ont l’islam pour religion d’État mais garantissent la liberté de pensée et de culte. Les églises ne sont donc pas absentes du paysage, même si le nombre décroissant de fidèles et les restrictions imposées par les gouvernements en freinent la réhabilitation ou la construction. La réouverture de l’église Saint-Joseph, à Djerba, en Tunisie, en mars 2005 fait plutôt figure d’exception et s’explique par la forte présence de touristes européens sur l’île.
Dans ces trois pays, la conversion des musulmans, bien que rare, n’est pas interdite. Mais, en réalité, la loi islamique maintient les chrétiens dans l’infériorité. Les femmes musulmanes ne peuvent pas épouser de non-musulman (à moins que celui-ci ne se convertisse), et une chrétienne mariée à un musulman n’aura pas le droit à l’héritage ou à la garde de ses enfants en cas de décès du conjoint ou en cas de divorce.
La disposition de la loi qui condamne le prosélytisme non musulman constitue la face la plus ambiguë des discriminations envers les chrétiens. Au Maroc, par exemple, l’article 220 du code pénal indique que « quiconque employant des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion » sera puni « d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams ». Dans ce contexte, l’Église catholique prône la discrétion : « Il n’est pas question d’enfreindre les lois », répète l’archevêque de Rabat, Mgr Vincent Landel.
En revanche, les évangéliques, qui représentent la majorité des chrétiens au Maghreb, sont fort actifs. Au Maroc, en 2005, ils auraient converti environ 2 000 personnes. Tandis qu’en Algérie, et plus précisément à Tizi-Ouzou, c’est la branche pentecôtiste qui est la plus présente. Leurs activités déplaisent autant à la population musulmane qu’au gouvernement. Ainsi, les autorités algériennes ont ordonné en mars 2008 la fermeture des treize lieux de culte protestant de la région. Les chapelles sont régulièrement attaquées, comme à Tafat, le 26 décembre 2009. Au Maroc, plusieurs dizaines de chrétiens travaillant dans un orphelinat à Aïn Leuh ont été reconduits à la frontière au début du mois pour « tentative de propagation du credo évangéliste ». Pour les autorités, c’est aussi une manière d’envoyer un signal aux islamistes les plus rigoristes, qui pourraient profiter du moindre laxisme en la matière.
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