Feu sur le royaume

Publié le 23 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

L’incendie très probablement criminel qui a ravagé, le 16 mars, la tombe des rois du Buganda – les Kabakas, souverains de ce royaume du centre de l’Ouganda – a attisé les tensions politiques à Kampala, la capitale du pays. Construit en 1882 en périphérie de la ville, le mausolée était inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Si des objets précieux sont perdus, les dépouilles de quatre anciens rois enterrés sous l’édifice n’ont pas été atteintes. Le président Yoweri Museveni a rapidement exprimé sa tristesse et promis de participer à la reconstruction du site. Mais l’armée, venue disperser la foule avant l’arrivée du chef de l’État, s’est heurtée aux partisans en colère du roi Ronald Mutebi II, et une fusillade a causé la mort de trois personnes.

Dans les années 1980, alors que, caché au Buganda, il cherche à renverser le régime en place, Museveni promet de rétablir le royaume dans ses droits. C’est chose faite en 1993, sept ans après son arrivée au pouvoir, mais, trahissant sa promesse, il le cantonne à un rôle culturel. Depuis, Mutebi II, diplômé en droit de l’université de Cambridge, réclame un retour au fédéralisme, qui octroierait une autonomie institutionnelle à son royaume.

la suite après cette publicité

Apres discussions

Le Buganda constitue aujourd’hui une réelle opposition au régime, qui a fait arrêter trois proches du souverain en 2008. Les tensions ont culminé en septembre 2009, lors d’affrontements entre partisans du gouvernement et de Mutebi II, qui ont fait une trentaine de morts. La réouverture de CBS, la radio du Buganda, puissant vecteur de mobilisation fermé depuis les émeutes de 2009, est l’enjeu d’âpres discussions.

Dès qu’ils ont eu connaissance du sinistre, les partisans du monarque ont accusé le gouvernement. Voulait-on tarir les revenus du royaume ? C’est peu probable : avec 30 000 visiteurs par an, les recettes du site n’étaient guère significatives. A-t-on, au contraire, voulu compromettre le régime ? Chef de l’État depuis vingt-quatre ans, Yoweri Museveni compte briguer un quatrième mandat en 2011. L’incendie des tombes royales ouvre une année préélectorale qui s’annonce de plus en plus tendue. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires