Deux dollars égalent une vie

Il est des textes qui méritent que l’on s’y attarde, parce qu’ils suscitent la réflexion, incitent à l’optimisme et poussent à agir. Le rapport consacré au financement de la lutte contre le paludisme en fait partie.

Publié le 18 mars par le partenariat Roll Back Malaria (RBM), que dirige Awa Marie Coll-Seck, l’ancienne ministre sénégalaise de la Santé, ce rapport dresse le bilan de l’action menée depuis 2000 et propose un programme d’éradication de cette maladie qui tue 2 500 personnes par jour, dont 2 000 en Afrique. « La création de RBM il y a tout juste dix ans a marqué le début d’une nouvelle ère. Les interventions fragmentées ont cédé la place à des actions collectives et coordonnées », a déclaré Coll-Seck lors d’une conférence de presse à Paris.

L’aide internationale affectée à la prévention et aux soins est passée de 35 millions de dollars en 2000 à 1,6 milliard en 2009. Soit un total de 4,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) sur dix ans pour 2,5 milliards de victimes potentielles disséminées dans cent huit pays. Ce qui, en moyenne, revient à un peu moins de 2 dollars par victime. Les trois quarts de cet effort financier sont allés en Afrique : 3,5 milliards de dollars pour 660 millions de cas.

Selon la directrice exécutive de RBM, le coût des mesures qui permettraient de protéger au moins 80 % des personnes vivant dans des zones à risque est estimé à 6,2 milliards de dollars en 2010, année charnière pour faire reculer la maladie et atteindre l’objectif de réduire de moitié la mortalité d’ici à 2015. À long terme, le programme porte sur une moyenne de 5 milliards de dollars par an pour 2010-2020, de 3 milliards pour 2020-2030 et de 2 milliards pour 2030-2040. Des dépenses qui sont en réalité des investissements, puisqu’elles contribuent à réduire l’absentéisme au travail et permettent de sauver des vies.