Berlusconi, ce machiste

Fawzia Zouria

Publié le 15 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Que les Arabes passent pour des machos, qu’aucun pays de la région n’ait élu à sa tête une femme, que le discours masculin prime sur tout le reste, ce n’est pas ce qu’on peut appeler un scoop. Mais que l’Europe, qui, depuis bientôt un siècle, a permis cet événement extraordinaire qu’est l’émancipation des femmes et livré un combat sans merci contre la ségrégation et pour la parité, compte dans ses rangs un Berlusconi est, de mon point de vue, scandaleux. Souvenons-nous des dérapages du président du Conseil italien et faisons cet exercice, après tout légitime, de les mettre dans la bouche d’une dame au pouvoir. Prenons la chancelière allemande, Angela Merkel. Voici ce qu’elle déclarerait si elle devait parler à la Berlusconi : « Chers compatriotes, en matière d’immigration, je n’accepterai dorénavant dans mon pays que les beaux athlètes turcs ! » Elle poursuivrait : « Vous savez tous que si l’Allemagne est puissante c’est parce que ses mâles sont canons. D’ailleurs, je pense devoir nommer ministres les plus beaux mecs, à moins que je ne les recrute dans mon parti. » Elle se raviserait ensuite : « Tiens, j’avais oublié que ce soir c’est l’anniversaire du petit Helmut. Dix-huit ans à peine et quelle fraîcheur ! Je lui ai acheté une chaîne en or, je le mettrai sur mes genoux et l’embrasserai fort en la lui offrant. Mais comme je les veux tous, jeunes et beaux, je leur dirai : “Si je n’étais pas mariée, je t’épouserais immédiatement !” »

Bien sûr, personne ne peut imaginer cela ni admettre ce discours. Et pourquoi ? En vertu d’un principe séculaire qui veut que les femmes s’abstiennent de tenir de tels propos et non les hommes ; qu’elles sont des proies et non des chasseurs ; qu’en politique elles doivent être des hommes comme les autres. Ben… justement ! Pourquoi, en l’occurrence, les femmes ne feraient-elles pas comme les hommes sur le registre du sexisme ?

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Je parie que Merkel n’aurait pas gouverné un jour de plus si elle avait tenu un tel langage, alors que l’Italie, elle, conserve son Cavaliere, comme si de rien n’était. Le bonhomme a vieilli, certes, mais les Italiens, peuple intelligent pourtant, tolèrent ses incartades. La Méditerranée a de tout temps brillé par son mépris pour les femmes, comme vous le confirmeront les historiens. Mais l’on croyait révolu le temps des femmes corvéables et venu celui d’une Europe qui se conjugue au féminin.

Maintenant, que voulez-vous dire à Kadhafi quand il entend convertir les jolies Italiennes à l’islam ? Aux rois arabes qui préfèrent leurs femmes en objets de décoration intérieure ? Aux Afghans qui n’aiment que les pucelles du paradis ? Rien. Absolument rien. Et que dire de Nicolas Sarkozy, qui s’est racheté une virginité grâce à Carla ? Tiens ! Mais c’est peut-être à la première dame de France de raisonner son compatriote italien. Allez ! Carla, montrez-nous comment une bonne cavalière peut mettre au tapis un mauvais Cavaliere !

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