Vodacom dans la tourmente

Si le groupe sauve les meubles sur ses terres, ses performances sont beaucoup moins brillantes à l’extérieur. Sans parler des accusations de malversations.

Les nuages s’accumulent au dessus de la tête de Vodacom. © Reuters

Les nuages s’accumulent au dessus de la tête de Vodacom. © Reuters

Publié le 24 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Les temps sont durs pour Vodacom, le leader du mobile en Afrique du Sud. Depuis janvier, il ne se passe pas un jour sans que l’opérateur ne fasse la Une des journaux du pays. Au cœur de la tourmente, son fondateur et ancien PDG (de 1993 à 2008), Alan Knott-Craig, suspecté de népotisme et de malversations : il aurait favorisé des transactions au profit de membres de sa famille, dont son fils, Alan Knott-Craig Jr, patron d’iBurst, une société dont Vodacom a acquis 10 % du capital en 2008… Le scandale a éclaté après un rapport d’audit commandé à KPMG en 2008 et facturé 2 millions d’euros. Malgré plusieurs assignations en justice, Vodacom refuse de le rendre public. Argument avancé par Pieter Uys, le successeur de Knott-Craig : cet audit « appartient au conseil d’administration ».

Résultats « mitigés »

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Autre révélation fâcheuse : un contrat de consulting, signé en mars 2009 avec l’ex-PDG… Une façon pour Vodacom de s’assurer que le maître d’œuvre de son succès n’ira pas mettre ses talents au service de concurrents, au moment où l’opérateur sud-africain de téléphonie fixe Telkom venait d’annoncer son intention de se lancer dans le mobile. Or, là encore, personne ne savait. Ni le conseil d’administration ni les actionnaires n’étaient au courant de cette collaboration de 10 millions de rands (990 000 euros) sur deux ans, a fini par avouer Vodacom. Dernier rebondissement en date, fin février, la Bourse de Johannesburg a confirmé qu’elle enquêtait pour savoir si Vodacom Afrique du Sud s’était « rendu coupable de manque de divulgation de faits » auprès des actionnaires en 2008.

Un nouveau coup qui tombe mal, alors que les performances de l’opérateur sont jugées « mitigées » par les experts. Avec un chiffre d’affaires de 55,2 milliards de rands (5,3 milliards d’euros) en 2009, dont 47,5 milliards en Afrique du Sud, soit une croissance annuelle de 7,5 %, il a connu meilleur cru. D’autant que ces résultats sont largement dopés par l’acquisition, pour 700 millions de dollars, de Gateway, l’un des plus gros fournisseurs de services d’interconnexion terrestres et satellitaires, fin 2008.

Les activités à l’international (RD Congo, Tanzanie, Mozambique, Lesotho) sont encore plus préoccupantes : en un an, ses revenus y ont chuté de 10 %. C’est en RD Congo que la situation est la plus mauvaise. Le conflit entre les deux actionnaires de Vodacom Congo, Vodacom International (filiale basée à Maurice) et Congo Wireless Network (CWN), dure depuis cinq ans. « Vodacom International a pillé Vodacom Congo », accuse Alieu Conteh, patron de CWN, qui a porté plainte à Kinshasa à la fin de 2009 pour fraude, usure et abus de confiance. Une date d’audience doit être fixée bientôt. D’ici là, Vodacom a annoncé cesser tout investissement en RD Congo.

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