Toute vérité n’est pas bonne à dire
Philip J. Crowley ne se doutait pas qu’il allait déclencher une tempête diplomatique en répondant avec humour, le 26 février, à la fin de son briefing quotidien de trente minutes, à la question d’un journaliste qui lui demandait : « Que vous inspire l’appel au djihad lancé par Kadhafi contre la Suisse ? » « Oui, j’en ai été informé, lui répondit, avec un large sourire, le porte-parole du département d’État. Ça m’a rappelé cette session mémorable de l’assemblée générale de l’ONU, en septembre dernier. Beaucoup de mots, beaucoup de papier volant un peu partout, mais pas beaucoup de sens. » Crowley faisait allusion au discours de Mouammar Kadhafi, le 23 septembre 2009. Au lieu des quinze minutes qui lui étaient imparties, le « Guide » conserva la parole pendant une heure trente-cinq pour s’attaquer au système onusien, déchirant même un exemplaire de la charte de l’ONU.
Le 9 mars, Crowley a dû battre sa coulpe, les Libyens ayant exigé des excuses officielles, faute de quoi ils menaçaient de mener la vie dure aux compagnies pétrolières américaines présentes sur leur territoire (ExxonMobil, Conoco Philips, Occidental, Hess et Marathon). « Il semble que mes commentaires personnels aient été perçus comme une attaque contre le leader libyen, a ainsi déclaré Crowley à la presse. Ces commentaires ne reflètent pas la politique américaine et ne visaient pas à offenser. Je présente mes excuses s’ils ont été pris dans ce sens. » Dès le lendemain, Tripoli annonçait que tout était rentré dans l’ordre et que Kadhafi recevrait en personne le prochain envoyé spécial américain, l’ambassadeur Jeffrey Feltman.
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