Fiançailles à l’Alhambra

Le sommet de Grenade, les 6 et 7 mars, marque une nouvelle étape dans le processus de rapprochement entre le royaume alaouite et le Vieux Continent.

H. Van Rompuy, A. El Fassi, J.M. Barroso et J.L Zapatero, le 7 mars à Grenade. © Reuters

H. Van Rompuy, A. El Fassi, J.M. Barroso et J.L Zapatero, le 7 mars à Grenade. © Reuters

Publié le 22 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

La ville andalouse de Grenade (Espagne) a abrité, le temps d’un week-end, les 6 et 7 mars, le premier sommet Maroc-Union européenne (UE) de l’histoire, prélude à un grand mariage. Ces fiançailles, organisées avec faste au palais de l’Alhambra, devaient sceller une nouvelle étape dans le lent rapprochement du royaume alaouite avec le Vieux Continent amorcé en 1987 par Hassan II. À l’époque, le souverain caressait même l’espoir d’une adhésion à l’ancienne Communauté économique européenne (CEE).

Pour l’occasion, l’Europe a mobilisé ses plus hautes personnalités : le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le président en exercice de l’UE, l’ami espagnol José Luis Zapatero… De son côté, le Premier ministre marocain, Abbas El Fassi, conduisait une imposante délégation comprenant six ministres et de nombreux grands patrons. Au terme des discussions, les « époux » ont adopté une déclaration finale faisant office de précontrat de mariage. Ils s’engagent à coopérer davantage en matière d’immigration, d’énergie, de transport, de recherche scientifique, d’éducation, de politique étrangère – notamment pour régler le conflit du Proche-Orient –, à favoriser l’intégration régionale, le développement et l’aide à l’Afrique… Les parties sont également convenues de parvenir à un accord ambitieux sur la libéralisation du commerce d’ici à la fin de 2010 et de mettre en place un nouvel instrument de partenariat, restant à définir. Enfin, la vieille et riche Europe a promis d’augmenter sa « dot », actuellement de 200 millions d’euros d’aide par an, mais demande la poursuite des réformes en matière de démocratisation, de bonne gouvernance et de justice commerciale.

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L’ombre du Sahara

Naturellement, ce contrat ne réjouit pas tout le monde. À commencer par les agriculteurs espagnols. Près de 2 000 d’entre eux ont manifesté pour dénoncer la suppression des droits de douane pour plus de la moitié des produits agricoles marocains importés au sein de la communauté. Mais les critiques les plus virulentes ont émané des Marocains. Des militants de la Ligue marocaine des droits de l’homme et plusieurs journalistes, exilés en Espagne, ont dénoncé un recul de la démocratisation et demandé à l’Europe d’accroître sa pression sur Rabat pour le respect des libertés publiques. Jouissant d’une oreille favorable auprès des médias espagnols, les activistes sahraouis sont allés plus loin, défilant aux cris de « Sans libertés ni droits de l’homme, pas de statut pour le Maroc ».

Bien rétablie de sa grève de la faim, leur nouvelle égérie, Aminatou Haidar, a même appelé à exclure le Sahara occidental du cadre d’application des accords euro-marocains de pêche et d’exploitation de ses ressources naturelles. Si la seconde requête n’a pas été entendue, la première a trouvé un écho dans la bouche du Flamand Van Rompuy, qui a invité Rabat à réaliser « davantage de progrès dans le domaine des droits de l’homme, notamment au Sahara ». L’UE ira-t-elle jusqu’à en faire une conditionnalité dans l’avancement du processus de rapprochement ? Rien n’est moins sûr. Car l’appel du président du Conseil sonne comme la démarche d’un homme politique sommé de réagir face aux critiques de parlementaires européens qui lui reprochent déjà son manque de charisme.

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