Qui se cache derrière les attaques ?

Des assauts contre trois villages, près de Jos, ont fait plus de 100 morts.

Des suspects, arrêtés après les massacres, patientent dans un commissariat. © AP

Des suspects, arrêtés après les massacres, patientent dans un commissariat. © AP

Publié le 17 mars 2010 Lecture : 1 minute.

Une question taraude le Nigeria depuis le 7 mars : qui a commandité les assauts des trois villages de l’État de Plateau, dans le centre du pays ? Entre 3 et 6 heures du matin ce jour-là, des hommes armés ont simultanément attaqué les habitants de Dogo Nahawa, Zot et Ratsat. Selon la police, 109 personnes ont été tuées, dont une quarantaine d’enfants. Un premier bilan faisait état de quelque 500 morts.

Les assaillants sont des Peuls (fulani, en haoussa), des bergers musulmans. Les victimes, des Beroms chrétiens. Le clivage ethnico-religieux n’est pas la seule explication au bain de sang. Dans l’État de Plateau comme ailleurs au Nigeria, les « indigènes » ont plus de droits que les nouveaux arrivants (bourses, emplois publics). Ces derniers sont nombreux, attirés par les richesses minières locales. À la différence religieuse s’ajoute donc une fracture économique. Nourrissant les frustrations, elle peut faire dégénérer les relations. Mi-janvier déjà, 300 personnes sont mortes dans l’État de Plateau au cours d’affrontements. La plupart des victimes étaient cette fois-ci musulmanes.

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De telles violences ne peuvent être spontanées. La concomitance des attaques du 7 mars, l’armement des assaillants AK 47, pistolets, machettes – et leur nombre – de 300 à 500 – laissent penser qu’elles ont été planifiées. Selon un témoin, les tueurs s’assuraient que leurs victimes étaient chrétiennes en prononçant un code en langues haoussa et peule – le mot « bétail » – qu’elles ne devaient, théoriquement, pas comprendre. « Tout cela suppose une organisation », indique Muhammad Ashafa, imam et coprésident du Centre de médiation interreligieuse, qui s’est déplacé dans l’État de Plateau.

Son analyse est partagée. Mais, en l’absence d’enquête aboutie, personne ne peut identifier les commanditaires. Certains regardent cependant du côté des hommes politiques, indiquant qu’ils ont pour habitude d’instrumentaliser et d’armer les citoyens pour régler leurs comptes et conquérir le pouvoir. Il restera à le prouver par une investigation crédible et impartiale.

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