A l’ombre des amandiers en fleurs

La deuxième édition du Festival des amandiers de Tafraout, au Maroc, s’est tenue fin février. L’occasion de promouvoir la culture berbère et de dynamiser une filière en difficulté.

Publié le 10 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Il s’en est fallu de peu que tout ne soit annulé. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région ont transformé les oueds les plus inoffensifs en torrents féroces. Routes coupées, voitures et bus prisonniers des eaux, éboulements… Finalement, enfin, le ciel daigne cesser de manifester sa mauvaise humeur. À Tafraout, petit bourg de 5 000 habitants, à environ 200 km au sud-est d’Agadir et niché au pied d’un cirque de montagnes de granit rose à la beauté saisissante, la deuxième édition du Festival des amandiers, organisé par l’association locale Louz Tafraout, s’est tenue du 19 au 21 février.

Economie solidaire

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La manifestation, organisée pour valoriser l’amandier et les savoir-faire locaux, associe pendant trois jours un séminaire autour du thème de l’économie sociale et solidaire, des concerts et diverses animations. « Cette pluie, c’est une bonne chose pour la région, qui souffre terriblement de la sécheresse », commente Fatima Tabaamrant. Sur scène, elle chante, avec une pointe de défi dans le regard, sa fierté d’appartenir au peuple amazigh (berbère), la beauté de sa langue et de sa poésie. Un engagement exprimé par l’ensemble des artistes qui se sont produits à Tafraout, à commencer par Idir.

Le héraut de tous les Berbères du monde dira une fois encore son combat pour que l’identité amazigh ne meure pas : « Je me bats, lance-t-il, pour donner le goût à ses enfants de vouloir la célébrer. » Ceux qui écoutent savent le sens de ces mots. Toute la population est berbère dans la région et dans cette petite ville, d’où sont originaires l’écrivain Mohammed Khaïr-Eddine (1941-1995) et l’actuel ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, ancien président de la région Souss Massa Draâ, Aziz Akhannouch. Il est à l’initiative, avec la région, de la renaissance, ici, en 2008, de ce moussem, un rassemblement festif et populaire organisé autrefois pour célébrer la floraison des amandiers, annonciatrice de la récolte.

Stress hydrique

Du fait de la sécheresse, qui a vidé la région de sa population masculine partie dans les villes ou à l’étranger, il n’y avait pas de récolte suffisante. Faire la fête n’était plus concevable. « Il fut un temps où l’amande de Tafraout était très connue et exportée à l’étranger, explique Latifa Yaakoubi, membre du comité d’organisation. La sécheresse a fait que les amandes n’ont pas pu survivre. Il y a eu un stress hydrique, et les amandiers ont été attaqués par un champignon à cause du manque d’eau. »

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Depuis quelques années, on replante des amandiers, d’autres variétés plus résistantes. L’espoir d’une redynamisation de la filière est permis. Le festival participe à cet élan. L’année prochaine, il espère se développer, notamment en invitant davantage d’artistes internationaux aux côtés des artistes amazighs, « ce qui devrait développer le goût et le désir d’autres esthétiques pour le public », déclare Brahim El Mazned, directeur artistique de la manifestation et du Festival Timitar d’Agadir.  

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