Investissements : l’indispensable recours aux fonds privés

Les États africains doivent s’appuyer sur les opérateurs non publics pour alimenter les 350 millions d’habitants qui n’ont toujours pas accès à l’eau potable.

Une pompe à eau dans le village de Mirindanyi, au Sud-Soudan. © AFP

Une pompe à eau dans le village de Mirindanyi, au Sud-Soudan. © AFP

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Publié le 22 mars 2010 Lecture : 3 minutes.

Eau : l’indispensable recours aux fonds privés
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Eau : l’indispensable recours aux fonds privés

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Il n’est pas si loin le temps où, chaque matin, après une longue marche à pied, Mouna devait remplir ses jerricanes à l’aide de seaux plongés au fond d’un puits. Mais en 2007, la préfecture de Skhirate-Témara, dans la région de Rabat, au Maroc, est venue inaugurer dans son quartier une borne-fontaine bleue et automatique. Aujourd’hui, munie d’une simple clé numérique, elle vient soutirer jusqu’à 40 litres d’eau potable par jour et par membre de sa famille, prépayés par la commune.

Mouna faisait partie de ces 350 millions d’Africains qui n’ont toujours pas d’accès à l’eau potable. Diviser par deux ce nombre est l’un des huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) que les chefs de gouvernement de l’Union africaine se sont solennellement engagés à atteindre d’ici à 2015. Car la gestion durable de l’eau – fourniture, assainissement, irrigation – est une nécessité qui recouvre bien des enjeux : alimentation, santé, énergie, développement économique… Et qui a un coût : pas moins de 10 à 30 milliards d’euros devront être investis chaque année en Afrique, selon le Conseil mondial de l’eau.

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Les bailleurs internationaux sont mobilisés. À Kinshasa, les travaux de réhabilitation des infrastructures, financés par la Banque mondiale à hauteur de 51 millions d’euros, ont permis de doubler la capacité de distribution de l’opérateur local, la Régideso. Au Sénégal, entre le Programme d’eau potable et d’assainissement du millénaire (Pepam) et le Projet eau à long terme (PLT), ce sont 34,5 millions d’euros qui ont été débloqués aux deux tiers par les bailleurs et un tiers par l’État. En Tunisie et au Kenya, ce sont plus de 91 millions d’euros que la Banque africaine de développement (BAD) a injectés pour alimenter et assainir des villes rurales.

Partenariats sud-sud

Mais, à l’image de la borne bleue de Mouna, gérée par une filiale de la multinationale Veolia (Redal), la gestion de l’eau est un enjeu auquel les sociétés privées semblent les plus aptes à répondre à court terme. Aujourd’hui, 7 % de la population urbaine des pays en développement est désormais alimentée par des entreprises privées : « Les compétences et la capacité financière se trouvent chez eux », note Jean Verdier, spécialiste eau et irrigation à la FAO. De plus, « les partenariats Sud-Sud se renforcent », estime Mamadou Dia, le directeur général de la Sénégalaise des eaux.

La Mauritanie a par exemple porté son choix sur la société China Gezhouba Group Corporation pour la réalisation de la première étape du plan d’assainissement de la capitale, Nouakchott, pour un montant de 145 millions d’euros. Les entreprises africaines commencent aussi à sortir de leur pré carré national. La Cameroon Water Utilities Corporation et l’Office national de l’eau potable (Onep) marocain n’ont-ils pas scellé un partenariat pour mettre en commun leurs compétences ? L’Onep intervient d’ailleurs dans plus d’une centaine de localités camerounaises depuis 2008. Au Gabon, la Seeg (Veolia) devra compter avec l’offensive annoncée du Geteeg-GIE, qui regroupe une douzaine d’opérateurs locaux…

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Les compagnies s’attaquent à l’autre enjeu lié à l’eau, la sécurité alimentaire. L’option a déjà été choisie par l’Office du Niger, société qui gère un périmètre irrigué aménagé en 1932 le long du fleuve Niger, à l’est de Bamako, et présenté à sa création comme le futur grenier de la région. Mais, sur un potentiel de 1 million d’hectares, seulement 88 000 sont exploités. D’ici à 2020, l’ON veut tripler cette superficie en faisant appel aux investisseurs privés. Contrairement à Mouna, les paysans s’inquiètent de l’arrivée de mastodontes qui pourraient non seulement surexploiter le fleuve mais, de surcroît, faire augmenter le prix du litre d’eau, le rendant à terme inaccessible.

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