Tribunal Russell : Tel-Aviv sur le banc des accusés

Le tribunal « d’opinion publique » créé par le philosophe britannique en 1966 dénonce les manquements d’Israël au droit international et la complicité passive de l’Europe.

Publié le 19 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Alors qu’Israël refuse toujours, comme le lui demande le rapport Goldstone, de constituer une commission d’enquête sur les crimes commis par Tsahal à Gaza lors de l’opération « Plomb durci » (décembre 2008-janvier 2009), s’est tenue à Barcelone, du 1er au 3 mars, la première session du tribunal Russell sur la Palestine. Le comité de parrainage du tribunal, composé de 119 personnalités internationales*, s’était fixé un agenda précis : évaluer la part de responsabilité des États membres de l’Union européenne (UE) dans l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Six questions ont été posées au tribunal composé de neuf experts et témoins. Leurs conclusions, qui figurent dans un communiqué de presse publié le 3 mars, sont accablantes : l’UE et ses États membres ont rompu leurs obligations vis-à-vis du droit international et du droit humanitaire, notamment dans le cas du blocus de la bande de Gaza. Le tribunal a démontré que la colonisation israélienne, l’annexion de Jérusalem-Est, le détournement des ressources naturelles au profit d’Israël, la construction du mur en Cisjordanie et la signature d’accords commerciaux privilégiés entre l’UE et l’État hébreu contreviennent aux principes du droit international.

Ce tribunal dit « d’opinion publique », créé par le philosophe et écrivain britannique Bertrand Russell en 1966 pour juger selon le droit international les crimes de guerre commis par les Américains au Vietnam, n’a aucun pouvoir judiciaire effectif. Son objectif consiste à pointer les manquements au droit international pour provoquer, selon les termes de Jean Ziegler, membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, « une insurrection des consciences ». Cette première session ne sera pas sans suite. Une deuxième est déjà prévue à Londres dans le courant de l’année et aura pour thème les ventes d’armes à Israël, le droit international proscrivant toute vente d’armes à un pays en guerre. Pourtant, la France est aujourd’hui le premier fournisseur de l’État hébreu. « Nous demandons à y voir plus clair sur la chaîne de commandement : Qui vend les armes ? Qui les fournit ? » précise le cinéaste britannique Ken Loach.

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La militante israélienne Nurit Peled, lauréate du prix Sakharov pour la liberté de l’esprit 2001, reste lucide quant à l’impact du tribunal : « On ne sait pas ce qui peut se passer. On plante des graines et on verra ce qui poussera. »

* Parmi elles, citons Henri Alleg, Mohammed Bedjaoui, Ahmed Ben Bella, Djamel Bourras, Boutros Boutros-Ghali, Eric Cantona, Noam Chomsky, Georges Corm, Costa-Gavras, Norman Finkelstein, Gisèle Halimi, Mohammed Harbi, Stéphane Hessel, Albert Jacquard, Mike Leigh, Ken Loach, Radhia Nasraoui, Eric Rouleau, Michel Warschawski…

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