« Déstabilisateur régional »

L’ancienne résidence du Négus Haïle Selassié, à Massawa, bombardée en 1990 par l’Ethiopie © Nicolas Guillén

L’ancienne résidence du Négus Haïle Selassié, à Massawa, bombardée en 1990 par l’Ethiopie © Nicolas Guillén

Publié le 17 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

La Corée du Nord de l’Afrique
Issu du dossier

La Corée du Nord de l’Afrique

Sommaire

Marginalisation régionale, paranoïa – la peur historique d’une Éthiopie trop forte – et autoritarisme du régime ne cessent de s’alimenter. Condamnée par l’ONU en décembre 2009 pour des activités de « déstabilisation », l’Érythrée facilite le transit d’armes vers les rebelles éthiopiens de l’Ogaden. Les deux pays se livrent également en Somalie à une guerre par procuration. L’Éthiopie appuie le gouvernement transitoire mis en place après avoir renversé les Tribunaux islamiques en 2006. De son côté, l’Érythrée soutient, selon les rapports de l’ONU, « des groupes armés qui sapent les efforts de paix », et héberge une mouvance des Tribunaux désormais nommée… ARS-Asmara.

Plus surprenant, des militaires érythréens ont pris le contrôle de plusieurs postes frontaliers djiboutiens en avril 2008. « Une tentative désespérée de bloquer les personnes voulant fuir », selon un diplomate français. « Déstabiliser la région sert de cache-misère », analyse pour sa part Gérard Prunier, chercheur français au CNRS.

la suite après cette publicité

Sur ces tensions dans la Corne se greffent des événements qui résonnent bien au-delà. L’Iran a installé, début 2009, dans le port érythréen d’Assaba trois torpilleurs abritant des missiles de longue portée, et des soldats et des Pasdarans y seraient stationnés. En outre, les États-Unis soupçonnent Asmara – sans preuve jusqu’alors – d’avoir des liens avec Al-Qaïda, via les Shabab somaliens, et avec les rebelles Houthis du Yémen. Répondant aux demandes de l’Union africaine (UA), le Conseil de sécurité de l’ONU a voté en décembre un embargo sur les armes et des sanctions financières à l’encontre de plusieurs personnalités.

Comment, dès lors, sortir le pays de son isolement ? Les Nations unies n’ont pas réussi à garantir la souveraineté de l’Érythrée, en 1962, en laissant l’Éthiopie l’annexer, puis en 2002, en n’obtenant pas d’Addis-Abeba l’application des décisions de la Commission frontalière après la guerre entre 1998 et 2000 qui a coûté la vie à 100 000 personnes. Dans sa logique de repli, l’Érythrée a suspendu sa participation à l’UA et à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, organisation est-africaine). Une médiation de la Libye, seul pays à avoir voté contre les sanctions à l’ONU, est évoquée. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

A Norrent-Fontes, près de Calais, les réfugiés reçoivent l’aide de bénévoles. © Olivier Tournon/Fédéphoto

L’exil ou le treillis

Des blindés éthiopiens exposés à l’entrée de Massawa : un trésor de guerre © Nicolas Guillén

Un sacrifice pour rien