Souhayr Belhassen
Présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH)
Il y a un an, la FIDH lançait la campagne « L’Afrique pour le droit des femmes – Ratifier et respecter ! » Depuis, un travail inédit d’enquête a été accompli. Il est publié ce 8 mars sous la forme d’un « Cahier d’exigences » adressé aux gouvernements.
Jeune Afrique : Quels sont les premiers résultats de la campagne ?
Souhayr Belhassen : Nous avons mobilisé les ligues nationales et plusieurs ONG. Parallèlement aux actions de sensibilisation, nous avons choisi d’élaborer un cahier où, pour chaque pays, une fiche rappelle l’état du droit, recense les avancées et répertorie les violations précises des droits des femmes. C’est une manière de faire honte à certains États, de les mettre face à leurs responsabilités. La plupart ont ratifié la convention de l’ONU et le protocole de l’UA sur les droits des femmes. Aujourd’hui, notre combat est de faire en sorte que les textes soient appliqués.
Quelles sont les urgences ?
La lutte contre les violences faites aux femmes, le continent détenant de tristes records. L’Afrique du Sud occupe la première place mondiale en ce domaine. En RD Congo, notre mobilisation est très forte. J’ai le souvenir d’une fillette de 8 ans, en petite robe rose et sandales, venue raconter que, pendant deux jours, elle avait été violée sans discontinuer. Il faut que ces violences soient criminalisées et, surtout, ne soient pas banalisées.
Comment réagissez-vous à l’échec de la promulgation du premier Code de la famille au Mali ?
Alors qu’un texte avait été adopté par le Parlement, des milliers d’hommes et de femmes sont descendus dans la rue, estimant qu’il contrevenait aux principes de l’islam. Dès qu’on touche au droit des femmes, on touche au cœur de la société. Les hommes perçoivent cela comme une perte de pouvoir.
Il est trop facile de se référer aux préceptes coraniques pour dire qu’on ne peut pas transgresser le religieux. En Tunisie, les textes n’ont pas été transgressés, ils ont été interprétés, ce qui a permis d’abroger la répudiation, de permettre à la femme d’accéder à la propriété, etc.
La discrimination positive est-elle le seul moyen d’augmenter la représentation des femmes en politique ?
Nous sommes évidemment favorables à l’instauration de quotas, comme cela a été fait l’an dernier au Maroc ou au Burkina. Mais l’outil essentiel reste l’alphabétisation et le niveau d’éducation des femmes.
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