Football et politique
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 8 mars 2010 Lecture : 2 minutes.
Il ne reste qu’une petite centaine de jours avant cette Coupe du monde sud-africaine attendue par tout un continent. Oui, l’Afrique est fière d’organiser, pour la première fois de son histoire, la compétition la plus populaire et la plus médiatique de la planète. Se montrera-t-elle à la hauteur ? L’Afrique du Sud n’est pas l’Angola et la Fifa n’est pas la CAF. Il n’y a donc aucune raison de projeter sur le pays de Nelson Mandela les inquiétudes (en matière d’organisation, de sécurité et d’accueil) suscitées par la dernière CAN.
Jusqu’à présent, les dirigeants sud-africains ont tenu leurs engagements : leur pays est prêt, autant qu’on peut l’être, à accueillir, un mois durant, les trente-deux équipes et leurs supporteurs, mais aussi des milliers de journalistes et de dirigeants. « Pourquoi toujours exprimer des doutes sur la capacité de l’Afrique du Sud à organiser ce Mondial ? » s’est agacé, début mars, Joseph Blatter, le président de la Fifa.
Accueillir la Coupe du monde, c’est bien, y faire bonne figure, c’est mieux. Sur le plan sportif, que peut espérer l’Afrique ? Aucune certitude, si ce n’est que ses joueurs comptent parmi les meilleurs du monde, qu’ils jouent dans les clubs les plus prestigieux et devraient, en toute logique, faire trembler leurs adversaires. C’est un lieu commun du football, mais il ne suffit pas de compter Drogba, Eto’o, Essien ou Ziani dans ses rangs pour briller. Organisation, préparation, travail tactique, relations humaines… La litanie des lacunes africaines est, hélas ! toujours d’actualité. Et nos dirigeants ne font vraiment rien pour y remédier.
Les rapports incestueux entre football et politique expliquent en grande partie ce mal jusqu’ici incurable. Raison, sérieux, sérénité, long terme… Autant de notions bannies du lexique usuel du sport roi. Experts en calculs politiciens, ministères des Sports et responsables fédéraux se préoccupent avant tout des conséquences pour eux-mêmes et leurs suprêmes employeurs d’une éventuelle défaite. L’essentiel est de sauver son poste et de préserver ses privilèges. Il suffit de consulter les CV de la plupart d’entre eux pour s’apercevoir que leur expérience en matière de football se limite le plus souvent aux matchs regardés à la télé, une bière ou un soda à la main.
Dernier exemple en date de cet art de la navigation à vue, deux cadors subsahariens ont soudainement changé d’entraîneurs. Le Bosniaque Vahid Halilhodzic vient ainsi d’être limogé par la fédération ivoirienne. Il n’avait pourtant perdu qu’une seule rencontre en vingt-trois matchs, en quart de finale de la dernière CAN, contre l’Algérie. Idem au Nigeria, où Shaibu Amodu, l’un des (trop) rares entraîneurs africains en poste, a été remplacé par le Suédois Lars Lagerbäck. Motif de son éviction ? Son équipe a perdu, excusez du peu, en demi-finale de la CAN contre le Ghana (1-0) ! Quand le football africain arrêtera de marcher sur la tête, il pourra rêver des victoires les plus folles.
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