Séances de rattrapage
Fermés depuis une dizaine d’années, le Ciné Oubri à Ouagadougou et l’Étoile au Cameroun viennent de rouvrir.
C’est avec une certaine émotion que les habitants du quartier populaire de Kantigui, à Ouagadougou, se sont donné rendez-vous au Ciné Oubri le 14 février. Après une dizaine d’années de fermeture, le cinéma a fait salle comble. « Cet endroit, explique le nouveau directeur, le producteur et réalisateur Mamadou Gnanou, a plus de 40 ans. Il évoque à tous de bons souvenirs. Ces quatre dernières années, il ouvrait pour le Fespaco. Il fallait que le public en profite davantage. »
Semi-couvert, le Ciné Oubri peut accueillir jusqu’à 1 600 personnes. N’ayant obtenu aucune subvention, le réalisateur de Ouaga Battle a puisé dans ses fonds propres pour financer les travaux. « La concurrence des sept autres salles en activité à Ouaga et celle des DVD ne m’effraient pas, affirme-t-il. Car j’ai constaté que les mêmes personnes qui regardent les copies pirates n’hésitent pas à aller au cinéma pour voir et revoir, plusieurs fois, un film qui leur a plu. Tout est dans la programmation ! »
Une initiative qui n’est pas isolée. À Garoua, troisième ville du Cameroun et située dans la province du Nord, le Soudanais Ismaïl Ibrahim Yaya a repris en main le cinéma Étoile, fin janvier. « Pendant vingt ans, j’ai exploité des salles au Soudan. Mais vu la situation économique et politique de mon pays, j’ai décidé de tenter ma chance au Cameroun. » En 2008, il investit dans une première salle, le Walgania, à Kousseri, dans le nord du pays. Les cinéphiles répondent présent. De quoi lui donner envie de renouveler l’expérience, avec l’Étoile.
Pour séduire le plus grand nombre, il propose aussi bien des productions africaines qu’américaines, chinoises ou indiennes. « On programme surtout des films d’action », explique-t-il. Et il multiplie régulièrement les opérations commerciales : le ticket à 150 F CFA (0,22 euro) au lieu des 250 habituels, ou deux séances pour le prix d’une. Et si les films sont en version originale, ce n’est pas grave. Car, comme l’explique Ismaïl Ibrahim Yaya, « les gens aiment le spectacle, même s’ils ne comprennent pas les dialogues ! »
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