Que sont les sites de campagne devenus ?

Lors de la présidentielle du 30 août, les états-majors politiques ont beaucoup misé sur le web. Si l’enthousiasme de la plupart semble un peu retombé, quelques-uns continuent de tisser leur toile.

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Publié le 12 mars 2010 Lecture : 4 minutes.

Gabon : changement d’ère
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Gabon : changement d’ère

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Des légions numériques bien décidées à faire valoir leurs arguments de campagne en ligne ? Avant, pendant et juste après l’élection présidentielle gabonaise, de nombreux internautes ont noté l’activisme des « webcommunicants » représentant les différents partis en lice. Bien entendu, l’époque justifie le média. L’exemple de l’utilisation d’internet lors des dernières élections présidentielles en France et aux États-Unis et la nécessité de communiquer à destination de la diaspora gabonaise et de l’opinion internationale ont poussé les différents états-majors politiques à investir la Toile.

Le candidat Ali Bongo Ondimba n’a pas lésiné sur les moyens pour sa campagne. Il a créé le site Ali9 (www.ali9.org) avec le concours de l’agence de communication interactive française Novacom Associés. Cette société travaille pour des clients prestigieux comme Renault et Dassault et, par le passé, s’est impliquée aux côtés de feu Omar Bongo Ondimba dans le cadre du musée virtuel des Arts et Traditions (www.gabonart.com), notamment subventionné par Total Gabon. Faire appel à un professionnel a été payant : le site de campagne d’Ali Bongo, pourvu d’une webTV intégrée, est de belle facture. Mais il n’est plus actualisé depuis la fin du mois d’octobre et les premières décisions prises en Conseil des ministres par le nouveau gouvernement.

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La dernière actualisation du site de l’ancien ministre de l’Intérieur André Mba Obame (www.andrembaobame.com, 960 visiteurs par jour en moyenne) remonte, elle, à la fin de décembre. Soutenu par un code couleur bleu et blanc assez proche de celui de son ancien allié devenu rival, il a presque tout d’un blog professionnel de qualité, avec des liens vers les pages Facebook et Twitter du candidat – qui, elles, ne se distinguent pas par leur dynamisme.

Surfeurs d’une campagne

Le candidat Pierre Mamboundou s’est quant à lui principalement appuyé sur le site de son parti, l’Union du peuple gabonais (www.upg-gabon.org). Sommaire, doté d’un système de gestion de contenu relevant du logiciel libre (Joomla), sur fond rouge, il n’est pas à première vue très esthétique, mais a réussi à fédérer une vraie communauté, bien après les échéances électorales, si l’on en croit le nombre de commentaires produits, qui peuvent aller jusqu’à près de 400 par article. Avantage de taille : il est actualisé quasi au jour le jour et attire plus de visiteurs (2 000 par jour).

Car créer un beau site web et animer une communauté sur le long terme sont deux choses totalement différentes. Plus de quatre mois après l’investiture officielle d’Ali Bongo Ondimba, dernier acte de la première « webélection » gabonaise, l’essoufflement guette de nombreux états-majors politiques, alors que les batailles sont loin d’être terminées.

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La dernière mise à jour du site Ali9 datant d’octobre 2009, on peut légitimement penser que la plate-forme est mise en veilleuse. Sa fréquentation est d’ailleurs passée de quelques dizaines de milliers à moins de 300 visiteurs par jour. Pourtant, le site officiel de la présidence gabonaise (www.presidencedugabon.com, moins de 100 visiteurs par jour) est, lui aussi, plus ou moins abandonné depuis le décès d’Omar Bongo Ondimba. Toutes les adresses, actualités, vidéos, interventions sont encore les siennes… contre une seule photo du nouveau chef de l’État, en page d’accueil, accompagnée d’un texte de moins de 1 000 signes sur son parcours et du résultat de l’élection du 30 août.

Face à des adversaires et alliés peu persévérants dans leur stratégie en ligne, le jeune candidat indépendant Bruno Ben Moubamba (www.moubamba.com, 840 visiteurs par jour), hyperactif sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, a réussi à acquérir une vraie visibilité, malgré son score modeste (0,28 % des voix) lors du scrutin. « L’effort de ma campagne sur internet a certainement eu un effet catapulte, qui a contribué à attirer l’attention des médias traditionnels, explique-t-il. Nous étions sans doute les plus avant-gardistes dans l’utilisation de ces outils pour une campagne politique en Afrique francophone. »

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Nouvelle influence

L’influence d’internet sur la vie publique va-t-elle s’accentuer ? Sans doute. Les portails d’information en ligne comme Gabonews (www.gabonews.ga, piloté par Label de l’Akajoo Communication, une entreprise liée à la ministre de la Communication, Laure Gondjout, 12 000 visiteurs par jour) et Gabon Eco (gaboneco.com, propriété de la société d’édition ACI Gabon, présidée par le Français Luc Lemaire, 28 000 visiteurs par jour), très visités pendant la campagne, devraient voir leur influence continuer d’augmenter avec la croissance attendue des connexions à domicile et de l’internet mobile.

La blogosphère, de son côté, esquisse ses premiers pas, encore hésitants, avec des chroniqueurs comme le caricaturiste Pahé (dipoula.paquet.li). Ont-ils la bénédiction du pouvoir, au nom de la modernité politique ? « La récente déclaration d’intention de la ministre de la Communication, Laure Gondjout, qui souhaite confier la gestion de certaines infrastructures de routage et de cyberdéveloppement à des entreprises chinoises m’inquiète, s’alarme l’opposant Bruno Ben Moubamba. J’espère que la muraille cybernétique chinoise ne s’exportera pas au Gabon. »

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