3 questions à…Abdullah Abdullah

Candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2009

Publié le 3 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : L’arrestation d’Abdul Ghani Baradar signifie-t-elle que le Pakistan est en train de lâcher les talibans ?

Abdullah Abdullah : C’est un développement positif, mais il est encore trop tôt pour dire s’il s’agit d’un tournant. Depuis l’intervention occidentale en Afghanistan, le Pakistan n’a cessé de jouer un double jeu. Tout le monde sait que le mollah Omar et ses compagnons se cachent à Quetta. Si les autorités voulaient vraiment les arrêter, ça ne serait sûrement pas très difficile. Mais aucun taliban de premier plan n’a jamais été vraiment inquiété. De temps en temps, pour ne pas mécontenter leur parrain américain, les Pakistanais arrêtent une poignée de comparses qu’ils présentent comme des djihadistes importants, puis les livrent à la CIA. Et c’est à peu près tout. J’attends donc de voir si l’arrestation de Baradar, qui, lui, était effectivement un dirigeant important, sera suivie par d’autres, notamment de celle du mollah Omar.

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Certains sont convaincus que l’arrestation de Baradar est un signal adressé aux talibans par leurs parrains pakistanais pour les inciter à négocier avec le président Hamid Karzaï…

Je sais que Karzaï a fait sensation à la conférence de Londres en tendant la main aux talibans modérés. Il n’a plus aujourd’hui que la « réconciliation nationale » à la bouche. L’ennui est que les talibans refusent de négocier tant que les armées occidentales seront en Afghanistan. D’ailleurs, je me demande ce que pense de cette idée de réconciliation nationale la grande majorité de la population. Sur 30 millions de personnes, seule une infime minorité soutient les talibans. Personne, ou presque, ne souhaite revivre la douloureuse expérience des années 1990.

Avant toute rencontre entre le gouvernement et les talibans, vous souhaitez la tenue d’un débat national…

La question est de savoir avec qui se réconcilier. Avec le mollah Omar et ses affidés, ceux qui envoient des kamikazes dans les rues de Kaboul et font d’innombrables victimes parmi les civils innocents ? La porte des négociations doit être ouverte aux talibans qui renoncent à la violence, acceptent de jouer le jeu démocratique et font allégeance à notre Constitution. Les cadres du mouvement ne sont pas prêts à un tel compromis. Ils espèrent reprendre le pouvoir dès que les Occidentaux seront repartis.

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Retrouver l’intégralité de l’interview accordée à jeuneafrique.com ici

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