Seyni Kountché
Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1974, ce militaire autoritaire mais intègre a régné jusqu’à sa mort, en 1987.
Niger, cinquantenaire d’une démocratie kaki
Le 15 avril 1974, le Niger, jusque-là épargné par les coups d’État, apprend le renversement du président Hamani Diori, au pouvoir depuis 1960. Le nouvel homme fort est le chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-colonel Seyni Kountché, 44 ans. L’arrivée sur la scène politique de ce personnage formé à l’école militaire de Saint-Louis du Sénégal puis à celle des officiers d’outre-mer de Fréjus (France), et qui a participé aux campagnes d’Indochine et d’Algérie dans les rangs de l’armée française, marque un tournant dans l’histoire du pays. Ce petit homme sec, ascétique, volontiers autoritaire et à la méfiance maladive, n’a qu’une ambition : mettre au pas les Nigériens, « un peuple difficile à gouverner ». Quant aux éventuels fauteurs de troubles – commerçants, étudiants, fonctionnaires –, les voilà prévenus : « Je vous ai à l’œil », leur lance-t-il. Le fondement du régime, ce sont les services de renseignements. Kountché veut tout savoir sur tout. Paranoïaque ou juste prudent ? Ses services déjoueront plusieurs tentatives de coups d’État. Avec sa franchise brutale, il n’hésite pas à dire : « Le bateau nigérien n’a qu’un seul maître. Je le suis et je le demeure. »
Kountché avait-il une vision pour le Niger ? Si sa propre vie a été un modèle d’humilité et de désintéressement, la situation du pays, malgré une hausse des prix de l’uranium, ne s’est guère améliorée. Politiquement, il n’a pas tout à fait innové. Sa « société de développement », qu’il annonce en 1979, n’est guère différente de la politique de « promotion humaine » de Hamani Diori. Kountché aura laissé en héritage, quand il meurt en 1987, une société moins marquée par son idée de développement que par treize ans de régime policier. Les Nigériens en garderont pendant longtemps une tendance à la discrétion et à la méfiance, et les militaires l’idée qu’ils peuvent aussi gérer le pays. Pour tous, le souvenir qui domine est celui d’un homme dur, parfois injuste, mais intègre. Selon des témoins, il serait mort avec au poignet la montre qu’il portait le jour de sa prise de pouvoir.
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