Règlement de comptes à la Sûreté

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Publié le 1 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe : Ali Tounsi, patron depuis quinze ans de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), a été assassiné, le 25 février en fin de matinée. Le communiqué du ministère de l’Intérieur évoque une séance de travail au siège de l’institution, à Bab el-Oued, au cours de laquelle « un cadre de la police, apparemment pris d’une crise de démence, a fait usage de son arme et blessé mortellement le colonel Ali Tounsi, avant de retourner l’arme contre lui, se blessant gravement ».

D’après plusieurs sources, le cadre en question est un proche du chef de la police assassiné : Chouieb Oultache (64 ans) est chef de l’unité aérienne de la Sûreté nationale à Dar el-Beïda, à l’est d’Alger. Mais une autre version circule : Oultache, qui est un ancien colonel de l’armée de l’air, aurait appris que Tounsi avait diligenté contre lui une enquête sur de présumés actes de corruption et divers achats douteux impliquant également son fils (pièces de rechange pour hélicoptères et matériel informatique). Et que décision aurait été prise de le limoger.

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Averti de la sentence et des menaces de sanction pesant sur lui, Oultache aurait débarqué dans le bureau insonorisé de Tounsi, un peu avant 11 heures, puis tiré sur lui à cinq reprises. Il aurait alors gagné, arme au poing, une salle de réunion où un commissaire divisionnaire et le chef de la Sûreté de la wilaya d’Alger attendaient le chef de la police. Au cours d’un échange de coups de feu, Oultache aurait été atteint de deux balles.

Ali Tounsi n’est pas n’importe qui. À 74 ans, il incarnait avec le général Médiène (alias Toufik), patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), et Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur – originaire, comme lui, de Fès, au Maroc –, la lutte antiterroriste et la sécurisation du pays. Les trois hommes se connaissaient depuis longtemps. En 1962, Médiène était sous-lieutenant d’artillerie, tandis que l’adjudant Ali Tounsi était en poste à Sidi Bel-Abbès. Zerhouni était quant à lui le bras droit du tout-puissant Kasdi Merbah à la tête de la Sécurité militaire (SM, ancêtre du DRS), à qui il succédera en 1979. Selon la légende, c’est Zerhouni qui aurait recruté Médiène et Tounsi au sein de « la Boîte », comme on l’appelle en Algérie.

Tounsi, qui a pris les rênes de la police en 1995, au plus fort de l’insurrection islamiste, est un personnage énigmatique. La rumeur de récents désaccords avec Zerhouni était-elle fondée ? Pourquoi son départ, maintes fois annoncé, n’a-t-il jamais été entériné ? Sous son règne, la police algérienne s’est en tout cas beaucoup développée et modernisée. Elle compterait aujourd’hui environ 200 000 hommes, dont 40 000 dans la capitale.

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Le colonel Ali Tounsi, ici à Alger en 2002 © AFP

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