Mission impossible pour Bakayoko ?

Le nouveau président de la CEI, le 25 février à Abidjan © Sipa

Le nouveau président de la CEI, le 25 février à Abidjan © Sipa

Publié le 3 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

C’est à un spécialiste des relations extérieures qu’incombe dorénavant la gestion des – ô combien délicates – affaires intérieures ivoiriennes. En élisant à leur tête, dans la nuit du 25 au 26 février, Youssouf Bakayoko, les membres de la Commission électorale indépendante (CEI) ont fait le choix d’un diplomate chevronné, discret mais efficace pour préparer le prochain scrutin présidentiel, qui devrait avoir lieu au mois de juin. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié conserve donc la présidence de la CEI, une condition sine qua non posée par l’opposition pour participer au gouvernement.

L’ancien ministre des Affaires étrangères n’en a pas moins le soutien du président Laurent Gbagbo. « C’est un bosseur, qui collabore en parfaite harmonie avec le chef de l’État depuis sa nomination, en 2005. Depuis trois ans, il a beaucoup voyagé pour redonner à la diplomatie ivoirienne ses lettres de noblesse », explique un conseiller présidentiel. Il a aussi l’aval du Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Dramane Ouattara. « Il est doté d’une grande intelligence, d’une finesse d’esprit remarquable, estime pour sa part Ahmed Bakayoko, un neveu éloigné, par ailleurs ministre sortant des Nouvelles Technologies de l’information et de la communication. Il peut nous aider à trouver le consensus nécessaire. »

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Ambassadeur, maire, député…

Réputé humble, ce Koyaka originaire de la région du Worodougou est né en 1943 à Bouaké, où son père était enseignant. Titulaire d’une licence en lettres de l’université de Paris-X et de plusieurs diplômes dans les domaines des relations internationales et de la défense, Bakayoko a fait son entrée au ministère des Affaires étrangères en 1972. Onze ans plus tard, il est nommé ambassadeur. Il sera successivement en poste en Allemagne, en Suisse, en Autriche et en France, avant de remporter la mairie de Séguela, en 1990. Membre du bureau politique du PDCI, il obtient, cinq ans plus tard, un siège de député, qu’il conserve lors des législatives de 2000. Il prend alors la présidence de la Commission des relations extérieures de l’Assemblée. En 2005, lorsque Charles Konan Banny, autre membre du PDCI, prend les rênes du gouvernement, sa candidature au poste de ministre des Affaires étrangères fait l’unanimité.

Youssouf Bakayoko a promis d’organiser des élections « justes et transparentes ». « Je sens le poids de nos responsabilités, mais aussi des attentes des Ivoiriens et des Ivoiriennes », a-t-il précisé. Il a promis de rendre public dans les prochains jours le programme de travail de la CEI d’ici au premier tour du scrutin. Le nouveau président sera secondé par quatre vice-présidents : Amadou Soumahoro, du RDR ; N’Bia Eby, représentant le président de la République ; Jacob Anaky, du Mouvement des forces de l’avenir ; et Gnénéma Mamadou Coulibaly, des Forces nouvelles.

Ils auront fort à faire. À peine passée la crise provoquée par la double dissolution de la CEI et du gouvernement, une autre s’annonce déjà. Certains radicaux du camp présidentiel laissent en effet entendre qu’ils contesteront la liste électorale, dans laquelle, selon eux, les fraudeurs sont légion.

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Youssouf Bakayoko (au premier plan) est le nouveau président de la CEI © capture d’écran du site du gouvernement ivoirien

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