Eloge de la différence

Publié le 22 février 2010 Lecture : 3 minutes.

« Le lecteur doit lire dans La Revue ce qu’il ne trouve nulle part ailleurs », aime à dire Béchir Ben Yahmed. On peut dire qu’avec la dernière livraison de son bimestriel BBY n’a pas fait mentir sa directive. Car qui connaît en fin de compte Martin Hirsch, haut-commissaire français aux Solidarités actives, « ministre d’opposition » comme l’énonce Alain Faujas, auteur de ce passionnant article ?

Extraterrestre de la politique, Martin Hirsch l’est en effet. Petit-fils d’Étienne Hirsch, commissaire général au Plan qui refusa à de Gaulle de devenir son ministre, fils de Bernard Hirsch, directeur général des Ponts et Chaussées, lui-même normalien (en biologie), énarque, conseiller d’État, directeur de cabinet de Bernard Kouchner quand celui-ci fut secrétaire d’État à la Santé, Martin Hirsch se retrouve, contre toute attente, président (bénévole) d’Emmaüs de 2002 à 2007. Qui se serait attendu à le voir à ce poste ? « Je suis entré à Emmaüs sans me demander de quelle obédience était cette association, dit Martin Hirsch. J’ai découvert petit à petit qu’il y avait pas mal de curés… Je ne pensais pas que moi, agnostique aux trois quarts juif et pour un quart protestant, je me retrouverais un jour à la tête de cette “Église”. » Quel parcours !

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Nicolas Sarkozy, élu président, lui propose d’entrer au gouvernement. Martin Hirsch lui répond « non merci ». Sarkozy explose : « Vous êtes sur un vélo, je vous file les clés d’une bagnole et vous me dites que vous ne voulez pas d’une bagnole. » Finalement, Martin Hirsch n’acceptera pas d’être ministre, mais haut-commissaire en échange de la promesse de l’instauration d’un revenu de solidarité active – ou RSA. Car Martin Hirsch se bat pour une idée, pas pour un poste. « Il faut en finir avec cette idée désespérante que la société doit tourner avec les plus performants de ses membres et faire la charité aux autres. » Ce n’est pas un politicien, diagnostique Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider, car, comme Sénèque et Montaigne, il pense que la récompense d’une bonne action, c’est de l’avoir faite.

Dans un passionnant article sur la politique américaine au Moyen-Orient, le général Étienne Copel nous rappelle qu’Obama a nommé à la tête du Central Command le général David Petraeus, disciple de la doctrine de la Counterinsurgency. Or qui a inventé cette doctrine ? David Galula, un officier français diplômé de Saint-Cyr en 1939 et aujourd’hui totalement oublié en France. Mais pas aux États-Unis, où son livre Contre-insurrection. Théorie et pratique est un classique, lecture obligée des stagiaires du Command and General Staff College de Fort Leavenworth. Le général Copel nous fait découvrir cette passionnante théorie et son application par l’armée américaine, dont dépend le succès des États-Unis en Afghanistan et en Irak.

Samy Ghorbal, pour sa part, nous entraîne en Tunisie et nous fait découvrir cette surprenante vérité : grâce à des choix politiques judicieux et à des hommes et femmes d’exception, le système de santé tunisien est au niveau de celui des pays développés. Qui le sait ?

Interviewé par Hamid Barrada et Mathias Lebœuf, Jean Lacouture nous livre les réflexions d’un grand journaliste au parcours exceptionnel, et modèle de « l’honnête homme » tel qu’on le conçoit en France depuis Montaigne. Ses souvenirs sur le Maroc, l’Indochine, la Tunisie, l’Égypte et l’Algérie sont d’inesti­mables trésors d’une actualité parfois encore brûlante. À lire avec gourmandise.

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Cette cuvée est trop riche pour être résumée en une page. Oui, décidément, Béchir Ben Yahmed a réussi son pari : ce qu’on ne trouve pas ailleurs, on le trouvera dans La Revue. 

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